Avril 1978. Quelque part dans une petite chapelle du Pays de GallesDumbledore leva les deux mains vers la voute de l'église alors qu'il présentait les deux futurs mariés au ciel.
Debout l'un en face de l'autre, Andromeda et Ted se dévisageaient, un sourire empli de bonheur accroché aux lèvres.
Jusqu'ici tout se passait bien. Les membres de l'Ordre du Phénix, discrètement répartis dans l'assistance montaient la garde, prêts à intervenir au moindre événement suspect. Cette union était une sorte de pied de nez fait au Mage Noir et à ses sombres idéaux.
Aujourd'hui, on célébrait le mariage d'un moldu et d'une sorcière de sang-pur. En somme, il était évident qu'on ne pouvait pas défier Voldemort sans prendre quelques précautions au préalable.
" Andromeda, acceptes-tu de prendre Ted ici présent pour légitime époux et ce, jusqu'à ce que la mort vous sépare ? " interrogea le Directeur d'un ton doux, son regard par-dessus ses lunettes en demi-lune couvant presque la Jeune Femme.
" Oui, je le veux ! " manqua de crier la fiancée, son faciès irradiant d'une réelle joie.
Dumbledore hocha la tête d'un air satisfait, un grand sourire venant étirer ses lèvres fines. Il se tournait à présent vers Ted, sa bouche s'entre-ouvrant. Une fois que le jeune homme aurait dit oui, il n'aurait plus qu'à les déclarer mari et femme et enfin, le monde magique verrait la lumière de l'espoir se profiler à l'horizon.
~¤~
Une semaine plus tard. Hôpital de Sainte Mangouste." J'espère que vous avez une bonne explication, Dumbledore ! Parce que je tiens à ce que vous le sachiez, en ce qui me concerne, que je considère que tout est de votre faute ! "Le Ministre vociférait, faisant les cent pas dans le long couloir aux murs et au sol dallés de carrelage blanc. A cet instant précis, les médicomages continuaient de s'affairer dans la plus grande salle de l'Hôpital, mise à la disposition des cinq membres de l'Ordre du Phénix grièvement blessés. Parmi eux, on comptait deux Aurors, un membre de la Brigade de Police Magique mais aussi le très estimé Kingsley Shackelbolt et la très courageuse Marlène MacKinnon.
Au moment où Ted Lupin allait dire oui, scellant à jamais son destin à celui de la jeune Black, plusieurs coups de tonnerre avaient retenti dans la chapelle. Une armée de silhouettes encapées de noir des pieds à la tête, des masques dissimulant leurs visages, venait d'apparaître aux quatre coins de la salle. Au bout de l'allée se tenait, face aux lourdes portes se tenait le Lord en personne, son visage venimeux éclairé d'un sourire mauvais.
" Eh bien, eh bien ! Que se passe-t-il donc ici ? Andromeda, cela ne t'a donc pas suffit de déshonorer ta famille en t'enfuyant avec un moldu, voilà à présent que tu veux te lier à lui à jamais ! Nous ne pouvons rester muets devant un tel affront. "A peine eut-il terminé que de premiers jets d'étincelles venant des baguettes de ses Sbires jaillirent à travers l'assistance. Déjà, certains membres de l'Ordre s'étaient élancés vers l'autel, protégeant de leurs corps le jeune couple, tandis que d'autres se ruaient vers les Mangemorts, baguette au poing.
La suite ne fut qu'un gigantesque chaos indescriptible. Entre les hurlements, les bruits de la foule qui s'enfuyait à toute vitesse et ceux des combats, il était impossible de s'y retrouver. Par deux fois, deux hommes masqués se retrouvèrent à terre, le corps sans vie. Et par deux fois, ce fut le tour de deux Phénix. Seul un rire aigu, trahissant la folie se détachait du lot, celui de Bellatrix Lestrange.
Enfin, la bataille prit fin. Le Lord, voyant plusieurs de ses Partisans blessés ou à terre, décida qu'il était temps de se retirer.
" Ce n'est que partie remise ! " s'écria-t-il à l'adresse du Directeur qui s'apprêtait à l'affronter.
" Je voulais juste vous donner une petite leçon. Mais nous n'en avons pas fini avec vous. "Nouveau rictus malsain. Il disparut bientôt, suivi de près par ses Mangemorts, quelques uns sérieusement amochés mais encore capables de transplaner.
Les membres de l'Ordre encore debout grommelèrent, le visage déformés par la rage, alors que chacun s'empressait d'aller à l'encontre des blessés. Soudain, on entendit un cri strident retentir dans toute l'enceinte.
" Lily ! Peter ! "Les hurlements venaient du jeune Remus, agenouillé devant les deux corps sans vie, aux yeux grands ouverts, des deux jeunes gens. A en juger par leurs postures tétanisées, il était évident qu'ils étaient morts sur le coup.
Le reste de des membres vint s'amasser autour d'eux, la peine se lisant sur leur faciès décomposés. Ils venaient de perdre deux personnes à qui ils tenaient, deux amis, deux combattants. L'un d'eux tomba à genoux, imité par un autre, rejoignant Remus.
James et Sirius venaient juste de réaliser.
Voilà pourquoi, une semaine après ce terrible événement, le Professeur Dumbledore se retrouvait à Sainte Mangouste. Il venait rendre visite chaque jour à ses Amis blessés, comme pour compenser la perte de deux d'entre eux. Bien qu'il n'en montra rien, la mort de Lily Evans et de Peter Pettigrow l'avait profondément affecté. Ils connaissaient les risques, évidemment. Pourtant, Dumbledore ne pouvait s'empêcher de se tenir pour responsable de ce qui s'était passé. Il n'avait pas su les protéger. Et il n'avait nul besoin que le Ministre vienne le lui rappeler.
" Je n'ai aucune explication à vous fournir, Monsieur le Ministre. Je vous avais prévenu, semble-t-il, que l'Ordre seul et une pauvre barrière d'invisibilité ne suffiraient pas à arrêter Voldemort. Vous avez refusé de m'écouter et le constat est celui-ci : cinq de mes hommes restent entre la vie et la mort et deux jeunes gens, à peine sortis du Collège, ont succombé durant la bataille. J'ai fait du mieux que j'ai pu et vous le savez. S'il y a un responsable ici, c'est vous. "Le Ministre soupira, son pouce et son index venant pincer l'arrête de son nez. Il était fatigué. Depuis une semaine, la nouvelle du massacre du Pays de Galles avait eu le temps de faire le tour du pays et pour l'instant, il cherchait encore à éloigner les médias. Plus tard il aurait à dévoiler la vérité, mieux ce serait. Sauf qu'il n'avait pas plus de quelques jours avant que quelqu'un ne le fasse à sa place. Quelques jours où, avec un peu de chance, il parviendrait à trouver une explication qui tiendrait la route, sans avoir à faire faire intervenir le Mage et ses partisans. Autant dire que c'était fichu d'avance. Alors autant changer de sujet.
" Bien, bien, ne nous énervons pas. Nous avons chacun commis des erreurs et vu qu'il est impossible de revenir en arrière, il nous faudra vivre avec nos fautes. " concéda le Dirigeant.
" Qu'en est-il de la situation à présent ? "Dumbledore fronça les sourcils. Sentant l'agacement le gagner, il s'éloigna de son Interlocuteur pour aller jeter un oeil par la vitre qui les séparait de la pièce où étaient soignés ses combattants.
" Deux autres corps ont été découverts dans la chapelle. Des Mangemorts. " reprit-il enfin, après un long silence pesant.
" Rodolphus Lestrange, mari de Bellatrix et le fils de ce pauvre Barty Croupton. Cela nous permet de nous faire une petite idée sur le type de personnes qu'il recrute. Certainement pour le plus grand nombre d'entre eux, des membres de familles influentes, à l'esprit faible ou dérangé. Je pense également que bon nombre de ses partisans ont été blessés. Il devrait se tenir tranquille pendant quelques temps. "" Et pour Miss Black et son fiancé ? "" Ils vont bien. Sirius, le cousin d'Andromeda, a réussi à les faire sortir dès les prémices de l'affrontement. Cependant, ils sont en état de choc, persuadés que ceci n'aurait jamais eu lieu s'ils s'étaient contentés de se marier discrètement. "" Avouez, Dumbledore, que cela n'est pas totalement faux. " rétorqua le Ministre.
Piqué au vif, le Directeur abandonna la contemplation de la salle de soin pour revenir au Dirigeant. Quelques secondes plus tard, il se dirigeait vers lui, le plaquant durement contre le mur carrelé, son avant bras coincé sous la gorge de son Interlocuteur. Lui d'ordinaire d'un calme olympien avait vu ses nerfs mis à rude épreuve durant cette semaine et ces quelques mots étaient la goutte d'eau menaçant de faire déborder le vase de son trop plein d'émotions.
" Soyons clairs, Monsieur le Ministre ... " siffla-t-il, ses yeux plissés en une rage sourde.
" ... Rien de ceci n'incombe à ces jeunes gens qui souhaitaient seulement faire connaître au monde la légitimité d'un monde multicolore. Je ne peux même pas porter tous les torts à ce fou de Jedusor, étant donné que bien qu'il ait provoqué le combat, rien de tout cela ne serait arrivé si vous aviez accepté, vous et vos prédécesseurs de reconnaître publiquement ses méfaits. Vous vous permettez de faire l'autruche et de venir accuser ceux qui osent sortir la tête de leurs trous de provoquer la mort ! Mais il va falloir vous réveiller, Monsieur le Ministre. Et surtout, si vous préférez taire la vérité, évitez de parler à tort et à travers. "Le Dirigeant, les yeux écarquillés, écouta la longue diatribe du Vieil Homme sans broncher. Lorsque ce dernier le lâcha, sans pour autant le quitter des yeux de ses prunelles intenses, il se frottait la gorge, toujours muet. Impressionné par la ferveur, la conviction et la force du Directeur.
" Une prophétie vient de mourir avec Lily Evans mais une autre est toujours en marche. Et elle est entre de bonnes mains. Les choses sont en train de changer, Monsieur le Ministre. Les événements se bousculent, l'ordre établi n'existe plus. Alors posez-vous la question, question que chaque sorcier va devoir se poser : allez-vous continuer à subir ou allez-vous vous décider à agir ? "Sur ces mots, Dumbledore se détourna, se dirigeant vers la sortie, sans un regard en arrière pour le Ministre qui, toujours hébété, resta planté au milieu du couloir.
En effet, les choses n'étaient plus ce qu'elles semblaient être.