Mission... Impossible {chapitre 2} [Célène F.]

*Ben fallait pas venir* pensa-t-il en l’observant légèrement méchamment. Il ne forçait personne à venir chez lui, bien au contraire. Moins il y avait de monde, mieux il se portait. Oui, il était déprimé. Et alors ? Il avait toutes les raisons du monde de l’être. *Tu pouvais dire Lily* songea-t-il le regard un peu noir. Effectivement, il était ainsi depuis février. Pourtant, au début, il ne s’était pas arrêté de travailler. Comme si ça le ferait oublier mais il avait eu beau penser à autre chose, s’occuper l’esprit dès qu’il se retrouvait seul chez lui, son esprit repartait tout de suite sur le visage de sa Belle et impossible pour lui de s’en détourner. Alors, il avait commencé à sombrer. Un peu et puis totalement. Aujourd’hui, il en était à un point où il n’avait plus envie de rien, ni de personne et encore moins de faire une mission pour l’ordre. Mission, dont il était persuadé, qu’elle mènerait à rien. Il haussa les épaules et avala une gorgée de thé. Il garda son nez dans la tasse, faignant de s’intéresser à autre chose. *M’en fiche* pensa-t-il. Célène pouvait bien avoir l’argument irréfutable pour que le Tavernier parle, James s’en fichait. La seule chose qu’il voulait c’était qu’on lui fiche la paix. Ce n’était pourtant pas tellement compliqué. Juste être seul, à ruminer sa peine. « Si tu le dis » déclara-t-il la tasse toujours entre ses lèvres. Son regard se posa sur la main de Célène qui atterrit sur son genou, sans qu’il ne lui en laisse l’autorisation. Et elle se mit à parler. *M’en fous des autres*. James haussa les épaules et détourna le regard. Personne ne pouvait savoir ce qu’il ressentait, là-dessus Célène avait parfaitement raison. La moitié de son cœur était partie en même temps que Lily et rien ni personne ne pourrait la lui redonner. Sauver les autres ? Pour quoi faire ? Cela ne ferait ni revenir Peter, et encore moins Lily. Egoïste ? Peut-être. Tout le monde est égoïste. Tout le monde devient égoïste. Par la force des choses. Il avait assez pensé aux autres. Avant. Avant qu’elle ne soit plus là. Aujourd’hui, il s’en fichait des autres. Ils pouvaient bien mourir, cela ne lui importait que peu. D’ailleurs, s’il pouvait faire parti des futurs morts, cela l’arrangerait. Aller la rejoindre, Elle et son joli regard. Elle et sa fossette quand elle était énervée. Elle et sa chevelure rousse ondulant au vent. Et là, il serait bien.

Le paquet de médicament lui tomba sur le ventre, il ne fit même pas un seul geste pour le rattraper. Il n’en avait pas besoin. Célène lui asséna juste le coup de grâce en lui parlant de ce que pourrait ressentir Lily en le voyant ainsi. Qu’est-ce que cela pouvait bien lui faire qu’elle soit fâchée ? Hein ? Toute manière, Lily trouvait toujours quelque chose à lui reprocher. Toujours. Il lui lança un regard noir sans rire à ses propos, en guise de réplique. Déjà qu’elle venait l’emmerder durant sa sieste journalière pour lui proposer une mission à la con, et voilà qu’elle se mettait à parler de Lily. Qu’est-ce qu’elle en savait d’abord, qu’il adorait mettre Lily en rogne ? Il ne répondit même pas à son sourire, continuant de boire son thé, comme si de rien était. « Ouais c’est ça » dit-il tout bas lorsqu’elle s’en alla. La rejoindre à Pré-au-Lard ? Mais bien sûr et puis quoi encore ? Non, mais elle se croyait dans le pays des Bisounours là. Elle croyait sincèrement qu’il allait prendre une douche, passer un futal, une chemise et se rendre à Pré-au-Lard à deux heures du matin ? Elle ne doutait de rien la jeune Célène. Il ne bougea même pas de son canapé pour la raccompagner. De toute façon, vu la vitesse où elle avait fui, elle aurait sûrement disparu avant même qu’il n’atteigne le hall d’entrée. Arkos entra dans le salon et vint s’asseoir sur le canapé à côté de James. « Il faut y aller » déclara-t-il solennellement. « Tais-toi Arkos » répliqua James avant de se lever brusquement de son canapé et de monter dans les étages pour se rendre dans la salle de bain. Il fit couler l’eau dans la baignoire. Eau dans laquelle il s’engouffra quand le niveau lui permettait de ne plus avoir les épaules dehors, au frais. Il plongea la tête dans l’eau, arrêta de respirer en se demandant combien de temps il pourrait tenir ainsi sans manquer d’air. Peut-être qu’il ne remontrait pas la surface. Après tout, personne ne le regretterait. Ou pas. Etrangement, il entendait une voix lointaine – qu’il identifia comme celle de Lily – dire qu’il n’avait pas le droit d’être ainsi. Qu’il ferait mieux d’écouter Célène et de se bouger les fesses. D’aller voir ce Tavernier. Trouver celui qui l’avait tuée. L’abattre aussi ? Peut-être. S’il tombait dessus, il était clair qu’il ne lui laisserait sûrement pas le temps de dire quoique ce soit, qu’il serait déjà mort. James sortit brusquement la tête de l’eau. *OK j’y vais* pensa-t-il résigné. Vingt minutes plus tard, James habillé d’un jean et d’une chemise blanche trainait les pieds dans son salon en attendant l’heure du rendez-vous avec Célène. Il avait encore le temps. Ce n’était qu’à deux heures du matin. Il s’assit dans son canapé, les yeux rivés sur le tableau de son grand-père qui trônait au-dessus de la cheminée. Le feu dansait lentement dans l’âtre.

« Réveille-toi ! James ! Il est 1h30 ! » James sursauta dans le canapé. Arkos au-dessus de lui, le secouait allègrement pour le réveiller. James ouvrit les yeux maugréant des noms d’oiseaux à Arkos. « Tu dois être dans une demi-heure à Pré-au-Lard ! » lança Arkos. James rouvrit les yeux. Pré-au-Lard ? Arkos délirait à pleins tubes là. Il était une heure trente du matin, et James n’allait certainement pas aller à Pré-au-Lard… « Célène t’attend » continua Arkos d’une voix lente. Et là James tilta enfin. Il se redressa brutalement sur son canapé. Sortant du salon en deux temps trois mouvements, il monta les escaliers quatre-à-quatre et entra dans sa chambre telle la furie moyenne pour prendre des chaussettes dans son armoire. Dans la précipitation, il en prit une blanche et une noire qu’il enfila sans faire attention que ce n’était pas les deux mêmes. Attrapa sa baguette qu’il fourra dans la poche arrière droite de son jean et redescendit au rez-de-chaussée. Arkos lui tendit un sandwich rempli de bacon et fromage. « Ça t’évitera de mourir tout de suite de faim. Tu veux ta robe de sorcier ? » demanda Arkos d’un ton doux. « Merci et non ». Pas besoin de sa robe de sorcier. De toute manière à Pré-au-Lard tout le monde était sorcier et puis, il préférait de loin les vêtements moldus que la robe de sorcier où ils ne pouvaient faire aucun mouvement dedans. A moins le quart il sortit de chez lui, le sandwich à la main et transplana directement à Pré-au-Lard après s’être assuré d’être seul dans la rue. Les rues du village étaient calmes. Quelques passants marchaient sur les trottoirs. La plupart des sorciers étaient dans les bars de la rue. Cela faisait un an qu’il n’était pas revenu dans ce village. A ce moment précis, James pouvait dire que Poudlard lui manquait. Au moins là-bas, ils étaient insouciants et n’avaient pas besoin de se préoccuper des problèmes des grands. Aujourd’hui, il donnerait tout pour y retourner. Aller embêter McGonagall. S’éclater dans la Forêt Interdite. Jouer avec Lunard, Patmol et Queudever. Il soupira lentement et reprit sa marche dans les rues du village pour rejoindre la Taverne du Flocon. Lieu de rendez-vous avec Célène. Il était deux heures moins cinq lorsqu’il arriva. James s’adossa au mur, les bras croisés et attendit Célène. Invariablement, quand il aperçut, au loin, l’enseigne des Trois Balais, il ne put s’empêcher de se revoir là-bas en compagnie de Lily avant qu’ils ne se séparent. Il ferma les yeux pour mieux se rappeler et attendit patiemment sa collègue de mission.

Si dans trente secondes, Célène n’était pas là, James faisait demi-tour. Il faisait froid, il n’avait pas envie d’être là et préférait nettement son bon vieux lit bien chaud et son ours en peluche – qui lui, au moins, ne lui demandait pas de faire le pied de grue dehors à deux heures du mat’. Dommage pour lui, il tourna la tête au mauvais moment et derrière son écharpe il put voir Célène qui arrivait au bout de la rue. Si Célène c’était. Pendant une bonne minute, il l’observa d’un air étrange alors qu’elle avançait vers lui. Avait-il fumé une cigarette périmée ou était-ce juste son imagination qui divaguait ? Peut-être était-il dans un rêve absurde. Il cligna des yeux une fois et finit par se les frotter. Célène avançait toujours vers lui. Pendant un moment, il se demanda où est-ce qu’elle avait trouvé les fringues qu’elle portait. Il devait rêver. Vraiment rêver. Il ne releva même pas sa première phrase. Il était venu parce que Arkos l’avait réveillé. C’était aussi simple que ça et si cela ne tenait qu’à lui, il serait sûrement dans son lit entrain de faire un doux rêve et surtout bien au chaud, pas ici à se geler les miches pour une sorcière fringuée comme une illuminée. Un autre mot pour la qualifier lui vint à l’esprit mais il préféra oublier très vite cette vision… James arqua un sourcil. Les écossais ? Quel était le rapport avec son habillement étrange ? Il était vrai que les écossais avaient des coutumes d’habillement très bizarre mais il ne se souvenait pas que les écossaises mettent ce genre de fringue ; En même temps, les vêtements des écossais n’étaient pas vraiment sa principale occupation. Mais effectivement, cela expliquerait la vue de sorciers entrant dans le bar fringués un peu bizarrement. Il hocha la tête à ses paroles. Les écossais aimaient boire. Enfin, il n’y avait que les écossais. Les irlandais aussi. Les anglais. Lui. Beaucoup de gens aimaient boire. D’ailleurs, c’est bien ce qu’il aimerait faire en cet instant. Boire. Pour oublier cette mission et tout le reste. Mettre quoi ? James écarquilla les yeux en voyant le sac qu’elle tenait. Elle délirait là ? Il n’allait pas mettre cette chemise horrible bleue et verte ? Certes, depuis quelques mois avec l’alcool, il devait avoir une tête de déterré et d’ivrogne sans doute mais tout de même, il n’était pas tombé aussi bas pour mettre ce genre de vêtements. Il hocha la tête dans la négative. Certainement pas qu’il mettrait ça. Déjà il était venu, ce n’était pas pour s’habiller en clown et encore moins se changer ici par un froid pareil. Non mais elle n’allait juste pas bien la Miss Floddensurrey. *Ah c’est sûr qu’avec des fringues comme ça, on ne va pas du tout être remarqués* pensa James un demi sourire sur les lèvres. Tout dans la discrétion… remarquez, vu les énergumènes qu’il y avait à l’intérieur, ils seraient sûrement remarqués comme étant les seuls qui ne sont pas saouls. Alors pourquoi mettre des fringues bizarres et pas belles – parce que oui le bleu et vert avec du brun vert kaki en pantalon à carreaux, c’est très laid – ils se feraient remarquer de toute façon… *Parce qu’en plus faut que je me gèle ici pendant une heure ?* grogna-t-il intérieurement. *Parce qu’en plus faut que je joue le mec qui drague ?* Pendant une seconde, James eut une envie irrésistible de partir en courant mais il se retint. Ce n’est pas comme s’il n’avait jamais fait ça. N’empêche qu’elle aurait pu trouver quelque chose d’autre que ça. Son plan avait l’air si simple. Et elle pensait, vraiment, que tout le monde allait leur parler ? A eux ? Des inconnus ? Qu’ils ne connaissaient ni d’Eve, ni d’Adam ? L’espoir fait vivre comme dirait un proverbe moldu. Elle enchaina rapidement sans lui laisser le temps de répondre. En même temps, ça l’arrangeait, il n’avait rien à dire. Juste à dire que ses vêtements ils craignaient et qu’ils auraient de la chance si un des sorciers présents dans le bar déliaient sa langue, tout comme le Tavernier d’ailleurs… il haussa un sourcil un sourire presque charmeur sur le visage. Rien n’est impossible pour un Potter. Bon, certes, il aurait préféré autre chose mais bon… maintenant qu’il était là… Seule ? Elle voulait le faire seule ? Elle pensait vraiment qu’il allait avoir pitié d’elle et rester ? C’est qu’elle le connaissait mal. Certes, à une époque il aurait sûrement pris cet argument pour lui et il ne l’aurait pas laissé seule. Mais aujourd’hui, pour tout dire, il n’en avait rien à faire. Il était là contre son grès et la seule chose qui le poussait à rester c’était la curiosité de savoir si son plan fonctionnerait. Rien d’autre. *Encore heureux que ce n’est qu’un jeu* pensa-t-il en soupirant. Il ne répondit pas à son clin d’œil, haussant les épaules et l’observa entrer dans la taverne.

Il soupira, fourra ses mains dans ses poches et laissa tomber son regard sur le sac qui trainait au sol. Il hocha la tête, désespéré. Il allait devoir porter ces fringues… en cet instant, il eut l’impression d’être vraiment tombé bien bas. Peut-être allait-il se réveiller ? Il ferma les yeux et claqua des doigts en murmurant « Réveille-toi Jim ». Quand il rouvrit les yeux, sa déception augmenta. Il était toujours dans la rue, vide, sombre et froide avec le sac toujours au sol. Il soupira et commença à émettre des sons avec ses lèvres… un genre de puff puff s’échappa de ses lèvres et il croisa les bras. Un quart d’heure pour décider. Rester ou ne pas rester. Il entendait une toute petite voix intérieure – ressemblant à celle de Remus – lui dire qu’il devait rester. Qu’il devait mener à bien cette mission. Mais une autre voix – celle de Sirius – lui indiquait que cela ne lui ramènerait pas Lily et qu’il n’y trouverait pas le coupable de cet acte et puis que son lit était bien plus confortable. Et Lily ? Elle en penserait quoi ? Comme Remus sans doute. Il lui suffit de fermer les yeux pour voir son visage. Elle lui manquait terriblement. Il rouvrit les yeux. Pour qu’elle soit fière de lui, il ferait cette mission même si pour ça il devait mettre sa fierté de gentleman de côté et enfilé ces fringues horribles. Fringues qu’il passa très rapidement, vu l’heure tardive et le froid qu’il y avait. Il ne lui manquait plus que le nez rouge du clown – quoique vu le froid il l’avait sans doute déjà – et les grandes chaussures noires à lacet blanc et il ferait un parfait Bozo. Dix minutes après Célène – oui, il lui avait fallu du temps pour réfléchir – il entra dans la taverne. Il fit un sourire aux sorciers qui se tournèrent vers lui. Passa au comptoir – priant juste qu’on ne le reconnaisse pas – et commanda. « Un whis… un jus de citrouille » demanda-t-il. Il lui avait fallu un gros effort pour éviter le whisky pur feu mais c’était mieux ainsi. Il était bien plus opérationnel sobre que bourré, c’était un fait avéré. Il prit sa commande et partit s’asseoir au fond de la salle, pile en face de Célène qui se tenait à l’autre bout. Il balaya la salle d’un sel regard pour repérer toutes les filles présentes. S’il devait jouer son rôle autant observer toutes les filles, cela paraitrait nettement moins suspect. Il en profita pour observer aussi les hommes présents, des fois qu’il en connaisse un ou qu’un lui paraisse suspect. En même temps, vu leurs vêtements et leur niveau d’alcool dans le sang, ils paraissaient tous suspect. Son regard s’arrêta sur Célène à qui il fit un sourire franc et charmeur, avant de reporter son attention sur la table d’à côté pour jouer le même jeu avec les filles qui s’y trouvaient. L’une d’elles gloussa comme une dinde. James détourna le regard pour le reposa sur Célène. Il recommença son petit jeu et bu une gorgée de jus de citrouille. L’heure allait être bien longue…


HS : Je ne suis pas allé plus loin, je ne savais pas trop ce que tu voulais faire ensuite, du coup je te laisse libre sur les évènements (: