[Taverne de l'Ottery][PV Scylla]

- Ceitho avait toujours détesté aller se perdre dans les petits villages autre que le sien. Là-bas, tout le monde se connaissait et un étranger était tout de suite montré du doigt et victime de commérages. Néanmoins, on ne lui avait vraiment laissé le choix. En ce mois de janvier, l'ambiance post fêtes de fin d'année battait toujours son plein et l'une d'entre elles surtout avait son importance : la venue du Cirque de Tinkletree. En d'autres termes, la troupe qui avait permis à Ceitho de faire le tour de l'Angleterre après sa sortie du Collège. Si cela avait été de son propre fait, jamais le Jeune Grant ne serait retourné les voir après les avoir quitté en pleine fête d'adieux. Cependant, le Mage Noir lui avait expressément ordonné d'aller à leur rencontre, étant donné qu'il les avait fréquenté durant suffisamment de temps pour pouvoir obtenir les réponses que le Seigneur cherchait. Il se murmurait que parmi la troupe moldue de Tinkletree - nommée ainsi car elle avait été formée par le vieux magicien du même nom - se cacheraient des sorciers, ennemis du Mage Noir. Le Garçon en doutait fortement, connaissant le peu de dimension altruiste présente au sein du groupe mais pourtant, il s'était exécuté sans broncher.

Ceitho s'était rendu au premier spectacle, une bouffée de nostalgie l'ayant envahi malgré lui lorsque les acrobates, funambules et autres haltérophiles avaient commencé leur show. Il ne pouvait désormais nier que cette époque révolue avait été l'une des plus belles années de sa vie. Voyager partout, sans discontinuer. De nouvelles têtes, tout le temps. Les enfants heureux, les paysans qui souriaient, à la fois impressionnés et effrayés par la grâce des acteurs du cirque. Tant d'émotions qu'il peinait à ressentir et appréhendait sur leurs faciès. Une véritable ode à la vie. Un terrain de chasse merveilleux.

Lorsque le rideau tomba sur la dernière présentation - un dresseur de lions -, il alla jusqu'aux coulisses où il retrouva ses anciens compagnons. Tous l'accueillirent à coups de puissantes accolades et de baisers bruyants, ravis de revoir sa frimousse de jeune premier parmi eux. Après les quelques banalités d'usage, ils l'invitèrent à se joindre à eux pour la petite soirée qui avait lieu à la Taverne, ce qu'il s'empressa d'accepter.

Voilà pourquoi, bien après le couché du soleil, alors que minuit sonnait bruyamment au clocher de l'église du village, il se retrouvait dans la Taverne de l'Ottery. Cette dernière était bondée de monde, bien plus qu'à l'ordinaire, tous les villages alentours étant venus fêter l'arrivée de leur seule diversion de l'année.
Le Gallois en était déjà à son quatrième verre de whiskey et était perdu dans une conversation animée avec ses compagnons tandis que ces derniers lui faisaient part de toutes les plus belles anecdotes de leurs voyages.

Tout d'un coup, les voix ne devinrent plus qu'un bourdonnement à ses oreilles et son coeur se mit à battre à tout rompre entre ses côtes. Ses yeux se plissèrent, ne formant plus que deux fentes émeraudes. Il venait de la voir. Elle, la belle blonde qui connaissait tout de lui. Elle était assise sur un tabouret en face du Bar, accompagnée par deux hommes. Cela faisait quatre mois que leurs routes ne s'étaient pas croisées. Et c'était ... Déroutant. -

- Le vieux magicien Tinkletree continuait de bavasser, provoquant les rires tonitruants de toute la tablée d'une vingtaine qu'ils formaient. Mais déjà, Ceitho ne l'écoutait plus que d'une oreille. Il souriait pour la forme, un oeil sur Scylla et les deux hommes, un autre sur ses comparses. Bientôt, il finit son verre d'un trait et prétexta une grande soif pour s'éclipser jusqu'au bar. Etant donné le monde fou, il peina à se frayer un chemin jusqu'à celui-ci, mais cela lui laissa l'avantage de ne pas se faire repérer. Par-dessus l'épaule d'un grand gaillard, il risqua une oeillade jusqu'à la Blonde. L'un des deux hommes, celui à la tignasse rousse, prit congé de ses amis et quelques instants plus tard, il ne resta plus que les deux tourtereaux en tête à tête.

Le Gallois les observa durant un long moment et, avec toute la discrétion d'un légilimens chevronné, s'insinua dans l'esprit du type qui draguait ouvertement Belight. Le moins qu'on puisse dire c'est que ses pensées n'étaient pas très romantiques et Ceitho sentit la colère envahir son esprit. Non, il devait rester calme. Au risque de griller sa couverture. Aussi interpella-t-il le tavernier. -


Mon brave, veuillez apporter un verre de même breuvage à la belle blonde qui se trouve en galante compagnie à l'autre bout du bar. Et joignez ceci avec.


- Il écrit à la hâte un petit mot sur une serviette en papier abandonnée sur le comptoir.
Sur celui-ci était écrit : " Si tu veux mon avis, trésor, bien que son regard soit insistant, ce n'est pas tes yeux qu'il cherche dans ton décolleté. "
Il attendit que le Tavernier ait apporté le tout à la Belle et qu'elle cherche des yeux l'auteur de cette missive cynique. Quand leurs regards se rencontrèrent enfin, il leva son verre dans sa direction, un sourire carnassier ourlant ses lèvres tandis qu'il lui adressait un clin d'oeil. -

- La réaction de la Jeune Femme fut telle qu'il l'avait espéré. Elle avait fouillé, l'air effrayé, chaque visage de la foule à la recherche du sien. Lorsqu'elle l'aperçut, elle disparut tout bonnement et simplement. Cette vision lui arracha un sourire car il savait qu'elle n'était pas loin. Il termina donc tranquillement son verre, tout en suivant du regard le prétendant de Scylla qui quittait le bar, visiblement déçu de la disparition soudaine de la jeune femme. -


Je l'aurais cru plus coriace. Il ne sait pas t'apprécier à ta juste valeur.


- Dit-il alors que la Demoiselle réapparaissait juste à ce moment précis, visiblement très remontée et assez mécontente de se retrouver dans la même pièce que le Gallois. -


Moi aussi je suis content de te voir.


- Répliqua-t-il, un grand sourire ourlant ses lèvres fines. Il n'avait guère changé en quelques mois. Toujours les mêmes cheveux blonds, cette silhouette élancée et musclée. Et ces yeux. Ces prunelles qui toisait la Blonde avec un mélange de désir et de surprise. -


Tu sembles te porter comme un charme, trésor.


- Ajouta-t-il, visiblement sincère. En effet, les joues roses de la Jeune Femme et les quelques kilos en plus comblant le vide entre sa peau et os montraient que même si elle avait certainement vécu des moments difficiles, elle se sentait bien mieux. Et pour tout dire, cela ne plaisait pas beaucoup au Garçon. Mais bien sûr, il se garda bien de le montrer.

Il allait ajouter quelque chose, lorsqu'une démangeaison se fit sentir sur son avant-bras. Machinalement, il gratta la partie irritée, jusqu'à ce que la gêne devienne une douleur qu'il identifia instantanément. Il releva très légèrement sa manche pour apercevoir la tête de serpent sifflante se mouvoir sur sa peau. Lentement, très lentement, il releva un faciès soucieux vers la Jeune Femme. -


Scylla, il faut partir d'ici.


- Sans lui laisser le temps de répliquer, il la saisit par le poignet et s'apprêtait à rejoindre la sortie lorsque la porte s'ouvrit à toute volée, révélant deux hommes masqués et encapés de noir de la tête aux pieds. Les moldus présents - à savoir les trois quarts de l'assemblée - lorgnèrent les Individus d'un regard mi curieux mi amusé. Les sorciers, quant à eux, pâlirent monstrueusement, semblant pétrifiés sur leurs sièges. -


Qui est Owen Tinkletree ? - demanda l'un des Mangemorts d'une voix sombre et gutturale. -


- Un silence s'installa soudain lorsque les moldus eux-mêmes comprirent que quelque chose d'étrange et de menaçant émanait de ces Hommes. Le sang de Ceitho se glaça dans ses veines alors qu'il réalisait que le vieux magicien, celui qui l'avait formé tel un fils, était la cible de ses Comparses. Instinctivement, il tira Scylla derrière lui et baissa la tête afin de ne pas être reconnu. Peu de Mangemorts connaissait son visage, mais il aurait suffit que l'un d'eux en fasse partie et cela pouvait mal tourner.

Enfin, après quelques instants, toutes les mines terrorisées se tournèrent vers le Magicien qui se levait, l'air serein. -


C'est moi, Messieurs. Que puis-je pour vous ?


- Demanda-t-il très calmement, guère impressionné par les silhouettes capitonnées. Alors que l'un des Mangemorts levait sa baguette, intimant au Vieil Homme de les suivre, celui-ci extirpa sa propre baguette de sa ceinture et lança un premier sort qui explosa pile sur le bras gauche de son adversaire.

Puis, les premiers hurlements retentirent. -

Ceitho avait toujours les mêmes yeux. Si éclatant. Ceux qui hantaient la jeune femme. Mais elle soutient son regard, toujours aussi coriace. Le jeune homme n’avait pas changé. Toujours ce sourire qui semblait se moquer éperdument du monde l’entourant. Toujours ses fins cheveux blonds dessinant son minois. Et ses paroles acerbes.

- Je me porte beaucoup mieux. Comme quoi, ton absence m’est plutôt bénéfique.

Un petit sourire en coin alla dérider son visage. La douce ne savait pas encore si elle était heureuse de le voir, de le savoir toujours en vie, toujours présent, toujours là pour elle, ou au contraire de savoir que le fait de lui parler allait l’achever encore plus.

- Tu ne te portes pas trop mal non plus. Quoique…

Son regard perçant n’échappa pas au reflexe du jeune homme qui l’obligea à plier légèrement son bras. Son bras où il avait la marque.

- Ton patron a toujours de charmantes façons de se manifester…

Cependant, Ceitho ne fit pas attention à sa remarque, empoignant la belle et commençant à se précipiter vers la sortie. Les ennuis arrivaient déjà.

Avant de pouvoir atteindre la porte, cette dernière s’ouvrit à la volée et laissa la place à deux silhouettes au visage masqué. Des Mangemorts. D’un mouvement fluide, ample et discret, la douce sortit sa baguette, cachée derrière un repli de son manteau. Tel un gentleman, Ceitho la poussa pour se mettre entre elle et les Mangemorts. Enervant.

La blondine fit un léger pas sur la droite, se rapprochant des deux intrus afin d’avoir une meilleure position pour lancer un sort si les évènements se corsaient.

Et, bien évidemment, les événements se corsèrent. Le vieux magicien recherché, Owen, leva sa baguette et se défendit. La réponse des Mangemorts ne tarda pas, faisant pleuvoir une liste de sortilèges sur les simples moldus présents dans la taverne. Juste pour les éliminer afin qu’il ne reste que les sorciers.

- Protego

Elle ne sût pas trop ce qui l’avait poussée à faire cela, mais la belle s’était interposée entre un couple de moldu et le sortilège fatal qui leur avait été destiné. Une demi sphère translucide, d’une couleur plus ou moins turquoise se positionna face à elle et aux deux moldus, faisant rebondir le faisceau qui s’échoua contre une table. Table qui se mit à prendre feu.

- T’aurais jamais dû faire ça ma Jolie !

Une des deux silhouettes s’avança vers elle, menaçante. La belle poussa le couple contre le mur et brandit sa baguette. Le sort qui lui était destiné la manqua de peu et elle répliqua par un « incarcerem », qui, malheureusement fut paré par le Mangemort.

Son acolyte était occupé avec Owen Tinkletree et deux autres sorciers. Ils essayaient d’amener le vieux sorcier coute que coute.

Une lumière violette frôla l’oreille de la donzelle et percuta le comptoir qui explosa. Des débris de bois et de verre volèrent en tout sens, l’un d’entre eux allant griffer la joue de la belle alors qu’elle se jetait sur un côté. Elle finit son vol plané contre Ceitho. Ses immenses iris azurs se plantèrent dans ceux du jeune homme et elle murmura :

- Il faut que tu t’en ailles, maintenant.

A peine ses mots eurent-ils franchis ses lèvres et à peine se fut-elle retournée pour continuer le combat, que la porte de la taverne s’ouvrit une fois encore.

Cette fois, ce fut quatre Mangemorts, en plus des deux autres déjà présents, qui s’avancèrent.

- Les sortilèges fusaient en tout sens tandis que les personnes présentes couraient à la sortie à présent dégagée, les deux Partisans du Mage Noir désormais pris par le Vieux Magicien qui avait été rejoint par sa troupe. En réalité, et Ceitho en fut plus que surpris, ils étaient tous sorciers et non moldus, comme il l'avait toujours cru. Le Jeune Homme voulut les rejoindre mais c'était risquer de griller sa mission et de finir avadakedavrisé dans un bois ! Le Jeune Homme éprouvait peut-être peu de sentiments, mais son instinct de survie, lui, était toujours bien présent. Surtout quand on sait quelles atroces souffrances vous seront réservées !

Il pensait donc pouvoir s'enfuir discrètement avec Scylla mais celle-ci, toute à son altruisme ridicule, ne trouva rien de mieux à faire que d'utiliser un sort de protection pour éviter à un jeune couple de trépasser. Le Gallois leva les yeux au ciel. Décidément, cette fille était une véritable source d'ennuis !
Il se préparait à intervenir, s'adressant au visage un sortilège extrêmement douloureux qui consistait à le défigurer - entendons par là, une grosse balafre à la place de son oeil droit et un nez tordu - afin de ne pas être reconnu, lorsque l'autre Mangemort, vexé par l'intervention inopportune de la Belle, passa à l'attaque. En quelques secondes, Scylla volait contre lui, tandis qu'il la rattrapait in extremis et qu'elle lui ordonnait de partir. -


Parce que tu crois que je vais te laisser t'amuser sans moi ? Tu rêves, mon ange !


- Il la lâcha et se releva vivement. -


Accio table !


- Du bout de sa baguette, il fit valdinguer une lourde table en chêne qui, quelques minutes auparavant, servait encore de support de fête. Celle-ci s'écrasa contre le Mangemort toujours très concentré sur la Blonde et lui-même alla s'écraser contre le mur de pierre, assommé.

Dans un même temps, il remarqua le feu qui se propageait et créa à coup d'aguamenti une puissante fontaine pour éteindre les flammes virulentes. Et alors que le second Mangemort s'écroulait sous les sortilèges de Tinkletree et ses comparses, deux autres firent leur apparition. Comme par magie lui parut l'expression appropriée.

Véritablement agacé, le Garçon sut qu'il devait réagir extrêmement rapidement. Il lança un stupefix sur l'un d'eux et hésita à user d'un doloris, mais il parvint à penser que seuls les Partisans du Mage l'utilisaient. Heureusement, dans le même temps, le Dresseur de Lion, Marvin, eut moins de scrupules et l'utilisa, manquant de peu de rater sa cible. Ceitho fut surpris de constater la facilité avec laquelle il les avait neutralisés et là encore, il comprit vite. Ils se trouvaient déjà dans la Taverne. Ils avaient pris la fuite avec les autres et étaient revenus, encapés, pour finir le travail. En somme, ils étaient complètement saouls.

Semblant soudain revenir à la réalité, le Jeune Homme chercha Scylla du regard. Elle était là. -


Tout va bien ? - lui demanda-t-il, visiblement inquiet. -


- Avant qu'il n'ait eu le temps de prononcer une parole supplémentaire, Owen Tinkletree, salement amoché mais tenant encore sur ses jambes, s'approcha d'eux et leur fit signe de suivre la troupe qui transplanait. -


Viens avec nous, mon grand et emmène ta femme avec toi. Tu sais où nous trouver.


- Les balafres artificielles du Jeune Homme disparaissaient trop vite pour dissimuler la rougeur qui envahit ses joues lorsque le Vieil Homme prononça les mots " ta femme ". Mais il n'eut guère le temps de le reprendre, car déjà, il avait disparu. Aussi, Ceitho tendit la main vers la Belle. -


Allons-y. Nous y serons en sécurité.


- Il attendit qu'elle prenne les doigts qu'il lui tendait et deux secondes plus tard, ils transplanaient à leur tour.

Ils atterrirent dans un champ immense où les attendait un portoloin sous la forme d'une botte apparemment perdue là par un quelconque paysan. Il fit signe à la Jeune Femme de le toucher en même temps que lui. Ceci fait, ils se retrouvèrent à nouveau en plein air, sous le ciel sans étoiles, au beau milieu des roulottes de la Troupe, non loin d'un grand feu où étaient réunis les acteurs du cirque. Certains étaient en train d'essayer de se soigner avec leurs maigres moyens, tandis que les autres, épargnés, renforçaient la forteresse invisible pour les protéger d'une autre attaque éventuelle.

Sans un mot, Ceitho s'approcha du feu de camp. -

- La scène était si irréaliste que Ceitho ne savait pas très bien comment réagir. Comme assez souvent ces derniers temps, les choses lui échappaient complètement. Et à peine furent-ils arrivés que Scylla allait déjà à l'encontre des blessés. Il n'y en avait que quelques-uns et c'était plus ou moins superficiels mais connaissant la Jeune Femme, ce n'était pas ça qui allait l'arrêter. Aussi la laissa-t-il faire, alors qu'il allait prendre place sur un rondin de bois reconvertit en siège de fortune, tout près du Vieux Tinkletree. -


Quand comptiez-vous me le dire ? - demanda simplement le Gallois, trahissant son mécontentement. -


- Le Vieil Homme lui jeta un regard amusé tout en bourrant une pipe de bois blanc. Comment Ceitho ne s'en était-il pas rendu compte plus tôt ? Owen devait avoisiner l'âge de Dumbledore et chacun savait qu'aucun moldu de cet âge ne pouvait tenir une telle forme. Tinkletree prit le temps de finir sa tâche et d'allumer le tabac avant de répondre. -


J'attendais que tu le découvres par toi-même, mon grand. Et je savais que cela ne tarderait pas. Irma me l'avait dit.


- Le Garçon détourna son attention d'Owen pour jeter un oeil à la voyante du groupe. C'était un tout petit bout de femme, d'à peine un mètre cinquante qui portait un turban prune sur ses cheveux roux et une robe ample assortie, toute parée de fils couleur or. Sans compter les nombreux bracelets et bagues, une véritable agression pour les yeux. Celle-ci lui adressa un sourire avenant et confiant, avant de se replonger dans sa méditation, assise en lotus, les yeux clos et échappant des " ooohm " ridicules. Le Gallois n'avait jamais cru aux prédictions de Irma, pour la bonne raison que chacun savait que c'était de la pure escroquerie. Néanmoins, maintenant qu'il connaissait sa vraie nature et avait eu vent des activités de sa Cousine, il ne pu réprimer le frisson qui lui parcourait l'échine. -


Et que vous a-t-elle dit d'autre ? - interrogea le Garçon, sincèrement curieux. -


Que tu avais fais le mauvais choix. Mais la vie n'est pas faite que de bons, n'est pas mon garçon ? - répliqua tranquillement le Vieil Homme tout en tirant une bouffée sur sa pipe. Il ne semblait pas le juger le moins du monde. Simplement constater. - Enfin, je me doute que ce n'était pas là le sens de ta question. Nous savions que nous allions bientôt être découverts. Tu n'as été qu'un appât pour le Lord. Mais bon, cela n'a que peu d'importance. Dumbledore nous a garanti l'immunité et une cachette sûre dès demain.


- Le Jeune Homme écouta patiemment Tinkletree, prêt à lui poser davantage de questions mais déjà, sa " Femme " revenait vers eux. -


Eh beh, Ceitho, présente-nous ! Une belle petite femme pareille, cela ne se dissimule pas. Aurais-tu honte de tes vieux amis ? - intervint Irvin, dit l'Homme le Plus Fort du Monde. -

Tout d'abord, nous ne sommes pas mariés. Scylla Belight est une amie. - répliqua-t-il nerveusement. - Scylla, voici la troupe du Cirque Tinkletree. J'ai voyagé avec eux pendant une année, après Poudlard.


- Soudain, il remarqua la griffure qu'elle s'était faite à la joue et la força à s'assoir près de lui, tandis que chacun se présentait à son tour. Tous semblaient surpris que leur relation ne soit que platonique. Voilà pourquoi ils n'y crurent pas, d'ailleurs.

Le Gallois extirpa sa baguette de sa ceinture et passe le bout de celle-ci sur l'égratignure de la Jeune Femme. Il connaissait quelques sorts de guérison, grâce - malheureusement - à ses activités illicites. Puis, il passa un doigt sur sa joue, lui adressant un clin d'oeil accompagné d'un sourire en coin.

Rompant le charme, Tinkletree reprit la parole. -


Il vaut mieux que vous restiez avec nous pour la nuit. Maïa, la funambule, vous prêtera sa roulotte, Miss Belight. Et à Ceitho aussi, si vous acceptez de partager le lit pour cette fois.


- Quelques rires grivois éclatèrent tandis que Ceitho levait les yeux au ciel. D'un regard, il lui signifia de ne pas prêter attention à la bonhommie de leurs hôtes, haussant les épaules. -


Ce sera parfait, Owen. Nous allons nous y rendre de ce pas. Je dois parler à ma femme. Nous reviendrons plus tard.


- Il savait que l'avant-dernière phrase allait mettre Scylla hors d'elle, aussi s'empressa-t-il de se lever et de l'attraper par le poignet pour qu'elle le suive.

Une fois dans la roulotte que Maïa avait indiqué comme étant la sienne, il enleva immédiatement son tee-shirt noir. Contrairement à ce qu'on aurait pu croire, ce n'était pas une invitation aux préliminaires, mais autre chose de plus sérieux qu'il lui présenta. En somme, une grande plaie béante qui lui barrait tout le dos jusqu'à l'omoplate, d'où coulait une quantité de sang non négligeable. Des bouts de verre étaient encore fichés dans sa peau et c'était à se demander comment il avait pu tenir debout jusque-là. Il grimaça en enlevant un morceau de verre. -


Tu pourrais t'occuper de ça avant que je m'évanouisse comme une fillette ?

- Le sortilège de guérison fut presque aussi douloureux que la blessure elle-même. Il réprima un hurlement en se mordant les lèvres, ses poings serrés sur ses cuisses. Seul le bref contact des doigts de la Blonde sur sa peau lui permit de se contenir le temps que dura le soin.

Une fois sa tâche terminée, Scylla lui affirma que tout irait pour le mieux s'il prenait le temps de se reposer. Il répondit par un haussement d'épaule à ce conseil, grommela un merci et se leva pour renfiler son tee-shirt mais se ravisa en sentant l'odeur de sang frais. Ce n'était peut-être pas une très bonne idée. Il le laisse donc retomber sur le lit et pointa sa baguette sur la tâche. -


Tergeo.


- Le tissus sembla se remplir d'eau, gonflant à mesure, puis moussant étrangement, avant de s'affaisser telle une baudruche percée. Le Gallois fit ensuite léviter le tee-shirt et une sorte de mini tornade apparue, séchant le haut en quelques instants. Satisfait, il le remit, tout en pivotant vers la Jeune Femme toujours assise sur le lit.

Il resta silencieux un moment, semblant réfléchir à quelque chose de capital. -


Ce que je vais te dire ne va pas te plaire, mais je crois qu'il serait mieux que tu te fasses passer pour ma femme.


- Il se laissa choir à côté d'elle, levant une main devant lui, comme pour la stopper dans son élan si d'aventure elle désirait protester. -


Avant que tu n'ouvres ta jolie bouche, sache que je ne cherche pas à profiter de la situation. J'ai réussi à capter quelques bribes de pensées de mes compagnons et dès qu'ils ont su qu'on était que de simples amis, je les ai senti fort hostile à ton égard. Ils ont peut-être des problèmes avec le Mage Noir, mais ils ne font pas davantage confiance aux Membres de l'Ordre. C'est une petite communauté qui ne fait confiance qu'à ses membres. Quand tu y rentres, même si tu peux en sortir physiquement, tu es lié à eux pour la vie.


- Instinctivement, son regard se porta sur son avant-bras, où à peine une demie-heure plus tôt, était visible sa Marque des Ténèbres. A présent, il n'y avait plus aucune trace, l'appel étant sans doute terminé, néanmoins, il savait que même si elle avait disparu, son appartenance aux Partisans du Lord était définitive et belle et bien ancrée en lui. Pour la première fois, cela l'embarrassa.

Il sortit de ses tristes pensées pour tendre la main vers la Jeune Femme. -


Retournons auprès d'eux. J'aimerais en savoir un peu plus.



[Désolée, c'est un peu court, je te laisse le choix de la suite et de l'entretien avec la Troupe héhé]

[ J'espère que ces petits mystères te conviendront ! ]



En un coup de baguette magique, le tee-shirt du jeune homme, imprégné de sang, retrouva son éclat. La belle l’observa faire, sans mot dire. La réaction qu’avait eu Ceitho lorsqu’elle lui avait intimé de se reposer n’échappa pas à son regard. C’est sûr, avec le "patron" qu’il avait, le jeune homme était loin de demander deux jours de congés… Scylla hésita à lui faire la remarque – en un peu plus piquant – mais elle se retint. Autant éviter une nième dispute, s’ils allaient passer la nuit ensemble. Et surtout, éviter une nouvelle menace de mort que le jeune mangemort avait si délicatement formulé à leur dernière rencontre…

Une fois qu’il fut à nouveau vêtu, l’Adonis lui demanda qu’elle se fasse passer pour sa femme. Evidemment, fidèle à elle même, la blondine allait protester. Néanmoins, il ne lui en laissa pas le temps, et expliqua le fond de sa pensée. Les iris éclatants de la jeune femme se plantèrent dans ceux de son interlocuteur.

- Même s’ils peuvent avoir des doutes, je ne pense pas que le nom « Ordre du Phoenix » soit inscrit sur mon visage… Mais d’accord, je serais donc ta femme pour cette nuit.

Un sourire au coin des lèvres, la belle se leva et attrapa la main que lui tendait le jeune homme. Elle en profita pour se rapprocher rapidement de lui, ses lèvres effleurant le creux de son oreille.

- Profites-en, ce n’est pas une opportunité que tu auras tous les jours…

Son index alla effleurer doucement la joue du jeune homme, puis, comme si rien ne s’était passé, Scylla s’écarta de lui et sortit de la roulotte. Ceitho la rejoignit quelques secondes plus tard.

La troupe – qui avait augmenté en nombre depuis leur arrivée – était regroupée autour d’un feu de camp. Owen Tinkletree était debout, s’adressant aux autres sorciers. Lorsque Scylla et Ceitho s’approchèrent, ils entendirent la fin de la phrase du vieux magicien :

- … Plus en ma possession…

Puis lorsque son regard se posa sur les deux nouveaux arrivant, il cessa de parler, les accueillant chaleureusement.

Cependant, à peine se furent-ils assis que la voyante, Maya, s’approcha de la blondine. Elle voulait savoir si Scylla désirait connaître son avenir. Bien qu’elle refusa poliment, la voyante fit semblant de n’avoir rien entendu et lui saisit la main. Scylla fut donc contrainte à se relever, et Maya l’entraina assez loin du groupe.

Ceitho avait raison : ils n’avaient pas confiance ou craignaient la présence de la jeune Belight…

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- Je ne pensais pas qu’on offrirait un jour l’hospitalité à des étrangers !

Un des sorciers de la troupe s’était levé. Grand, brun, à la voix forte. Il fixait Ceitho d’un regard noir.

- Des étrangers… Tu sais qu’elle n’a rien à faire ici. Cette fois-ci, il s’adressait à Owen, avant de tourner une nouvelle fois son regard vers le Mangemort. Et toi, depuis que tu as décidé de rejoindre d’autres rangs, tu n’appartiens plus à la troupe...

Avant qu’il ne poursuive, le vieux Tinkletree avait posé sa main sur l’épaule de ce sorcier, l’obligeant à se taire.

- Ceitho a fait un choix. Son choix. Mais tu sais très bien qu’il restera toujours lié à nous.

Le sage tourna son regard bienveillant vers celui qu’il avait, autrefois, presque considéré comme son fils.

- Je ne sais pas si tu sais ce qu’IL me veut, et je ne veux rien savoir de ce dont toi, tu es chargé, mais j’ai un message pour lui : Ce qu’il désire de moi… Ce qu’il cherche, dis lui, que je ne l’ai plus. Depuis bien longtemps déjà…


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Pendant ce temps, à quelques mètres de là – suffisamment loin pour ne rien entendre de ce qu’il se disait mais toujours visible aux yeux de Ceitho – Scylla était assise face à la dite Maya. Un peu contre son gré… La jeune femme n’avait jamais cru et n’avait jamais apprécié la divination. Alors une prédiction…

Mais maintenant qu’elle était là, autant se prêter au jeu même si c’était à contre cœur. Au moins par respect envers ceux qui allaient l’héberger une nuit. Et pour Ceitho…

La voyante lui saisit les mains, les observa quelques instants, puis les posa à plat contre la table. Sans mot dire, la vieille femme ferma les yeux. Plusieurs minutes passèrent ainsi, sans que rien ne se fasse. Lorsque la blondine se demandait si elle pouvait bouger et repartir vers le feu de camp, la voyante fut prise de frissons.

- Vous ne faites pas confiance aux bonnes personnes. Et vous doutez. Beaucoup. Beaucoup trop. Vous allez devoir prendre une décision dans peu de temps. Et vous possédez ce qu’il convoite. Arrêtez d’avoir peur ou vous les ferrez fuir. Surtout, surtout ne lui cédez pas ce que…

Puis la voyante ouvrit à nouveau ses paupières avant d’avoir terminé sa dernière phrase. Son discours ne voulait absolument rien dire. Scylla avait raison : la divination était une branche de la magie trop peu fiable pour être prise au sérieux. Alors qu’elle allait tout de même la remercier par principe, la voyante se leva, lui tourna le dos et s’éclipsa en quelques pas dans les noirceurs de la nuit. Elle laissa la belle seule, assise face à une table vide, les mots prononcés par Maya résonnant dans sa tête.

Inconcevable …

- Décidément, la Jolie Blonde savait souffler le chaud et le froid à la perfection. Alors que ses lèvres délicates susurrait à l'oreille du Jeune Homme, celui-ci sentit un frisson incontrôlable lui parcourir l'échine et il du faire appel à toute la maîtrise de son corps pour ne pas lui arracher ses vêtements et entrainer la roulotte dans une danse dont Scylla se souviendrait pendant bien longtemps. Sans prétention aucune, bien entendu.

Cette pensée, qui le traversa brièvement tandis que l'Oiselle s'éloignait déjà, lui fit peur. Pour tout dire, elle l'effraya complètement. Le Gallois avait peu l'habitude des émotions et il commençait à les découvrir une par une, à la fois avec émerveillement et effarement. Comment un être pouvait-il supporter tant de tensions ? Il se rappela la période pas encore si lointaine où il ne ressentait rien. Nada. Niente. Heureux soient les ignorants, comme disait l'autre !
En d'autre terme, outre la joie - encore inconnue -, la colère - à peine appréhendée -, la peur - très succincte - et la mélancolie - de plus en plus présente -, il n'avait encore jamais désiré une femme. Et contre toute attente, cela ne lui déplut pas.

Encore sous un certain choc, le Jeune Homme emboita le pas à sa Femme d'un soir pour retourner près du feu de camp. Le reste de la troupe qui, tout à l'heure, fortifiait leur abri magique, avait maintenant pris place auprès de Tinkletree et ses compagnons. Tous affichaient une mine soucieuse, leurs lèvres contractées et leurs sourcils froncés. Sur l'instant, il ne sut ce qu'il pouvait bien se dire, ne captant qu'une phrase brève qui, à elle seule, aiguisa d'autant plus sa curiosité. Il jeta une oeillade à Scylla alors qu'ils étaient accueillis comme si de rien était par le Cirque et que la Jeune Femme était harponnée par Irma, la voyante, sans avoir eu son mot à dire. Ceitho décida de laisser faire, pensant que quoi qu'elle puisse lui dire, ce n'était pas bien grave à côté du secret de Tinkletree. Il s'avança donc parmi la Troupe qui, profitant de l'éloignement momentané de Scylla, abandonna son air bon enfant pour le dévisager à coups d'oeillades noires. -


Je ne pensais pas qu’on offrirait un jour l’hospitalité à des étrangers !


- C'était Gareth, le dresseur de tigres. Il n'avait jamais beaucoup apprécié Ceitho et le lui faisait savoir. Le Jeune Homme tiqua mais ne broncha pas. Et Gareth n'en avait pas fini. -


Des étrangers… Tu sais qu’elle n’a rien à faire ici. - Cette fois-ci, il s’adressait à Owen, avant de tourner une nouvelle fois son regard vers le Mangemort. - Et toi, depuis que tu as décidé de rejoindre d’autres rangs, tu n’appartiens plus à la troupe...


- Le Garçon voulut protester mais Tinkletree fit taire et se rassoir le Dresseur, tout en lui expliquant que même s'il appartenait désormais à une autre " Troupe ", ils feraient toujours partie de la leur. Et puis, il l'écouta parler de " quelque chose en sa possession " qu'il n'avait plus et le Jeune Homme haussa un sourcil incrédule. -


Je n'ai pas la moindre idée de quoi tu parles, Owen. Il m'a effectivement envoyé à votre encontre mais je n'en connais pas la raison. Et je ne te la demanderai pas, à moins que tu veuilles m'en parler de toi-même.


- Répliqua le Gallois avec calme, avant de se tourner vers Gareth. Cette fois, les sourcils froncés et les paupières mi closes, il haussa très légèrement le ton, sa voix se faisant dure et sévère. -


Quant à toi, Gareth, je veux bien que tu mettes ma bonne foi en doute. Mais si tu t'avises encore de parler de ma femme sur ce ton, je te le ferai regretter. - siffla-t-il, à l'étonnement de tout le monde. -

Ah ! Donc vous êtes bien mariés ! Et où sont donc vos alliances, hein ? - interrogea le Dresseur, goguenard. -


- Ceitho allait lui répliquer. Ou peut-être même lui mettre son poing dans la figure, lorsque Scylla revint, l'air un peu perdu. En bon bluffeur et joueur de cartes, il tenta le sort en l'attirant à lui et en soulevant sa main gauche. Il y avait une chance sur deux que la Belle porte une bague à l'annulaire gauche.

Il constata par lui-même que c'était le cas et voulut adresser un regard triomphant à la Troupe. Néanmoins, il s'arrêta tout net dans son élan devant la mine déconfite et les cris de surprise de celle-ci. Décontenancé, le Mangemort reporta son regard sur Owen qui s'avançait pour admirer la bague, un anneau d'or surmonté d'une magnifique perle de nacre. Le Vieil Homme avait la mine déconfite, pâle comme un linge, comme si le ciel lui était tombé sur la tête. Un long silence perdura avant que le Magicien ne le brise, d'une voix mal assurée. -


Où avez-vous eu ça, Madame Grant ?


- Le Garçon regarda tour à tour sa Femme d'un soir, puis Owen, puis à nouveau Scylla, puis Tinkletree. Mais enfin, que se passait-il ? -

- Devant cette scène étrange, Ceitho sut qu'il avait devant les yeux l'anneau témoin d'une histoire bien plus grave qu'il n'aurait pu l'imaginer. Le Vieux Magicien était blême et n'arrivait pas à détacher le regard de la perle, comme s'il cherchait à se convaincre d'une chose impossible. La Blondine répondit d'une voix mal assurée, visiblement aussi circonspecte que lui. Il ne doutait pas qu'elle n'avait aucune idée de la véritable nature de l'objet.

Puis, le Gallois commença à capter quelques pensées de Scylla. Elle avait répondu très succinctement à Tinkletree mais les images qui défilaient dans sa tête en disaient long sur la façon dont elle avait obtenu ce bijou. Elle était si perturbée en cet instant que l'intrusion fut très facile et devant tant de tristesse, Ceitho ne put réprimer une grimace. Il savait qu'elle avait été fiancée, il savait aussi que son Amour s'était fait tuer froidement voici trois ans. Il avait également vu les images de sa mort, du bonheur qu'il avait partagé ensemble. Bien sûr, il savait tout d'elle. Cependant, les circonstances étaient différentes en cette nuit. Et cela ne lui provoquait pas autant de joie que la première fois qu'il avait violé son esprit. Un autre sentiment, bien moins jouasse et alors là inconnu, l'avait envahi. Etait-ce cela que les autres appelaient la compassion ? L'envie quasi irrépressible de prendre l'autre dans ses bras pour adoucir sa peine ? Perdu dans ses songes, il avait presque oublié la Troupe tandis qu'Owen le rappelait dans le monde des vivants. -


Ceitho, où as-tu trouvé cette femme ? Fait-elle partie de ton nouvel ordre ? Répond !


- La voix toujours sereine du Mage était désormais tonnante et emplie de rage. Il ne reconnaissait plus son vieil ami. Celui qui se tenait en face de lui ressemblait à un être humain ordinaire, dont la souffrance d'une plaie béante et ancienne n'avait toujours pas cicatrisé. Décidant que l'atmosphère était déjà assez pesante, le Jeune Homme préféra adopter un ton calme pour répondre aux agressions du Vieil Homme. -


Scylla n'est pas une Mangemort, Owen, et tu le sais parfaitement. - répliqua-t-il, éludant la première question. - Dis-moi ce qui se passe, Owen. Et ne m'oblige pas à t'arracher la vérité de force !


- Bien sûr, le Garçon ne parlait pas de violence physique et Tinkletree le savait parfaitement, ainsi que le reste du Cirque, qui ne broncha pas, attendant l'issu du combat verbal. S'ils étaient au courant pour ses activités monstrueuses, alors ils devaient connaître sa plus grande aptitude.

Les sourcils blancs du Sorcier se froncèrent, comme s'il hésitait entre lui sauter à la gorge et lui révéler le lourd secret qui les impliquait maintenant tous. Ainsi qu'il a déjà été précisé, Ceitho avait peut-être quitté physiquement la Troupe, mais il faisait toujours partie d'elle. En d'autres termes, Owen se laissa choir sur le rondin de bois derrière lui et invita tout le monde à se détendre, attendant que le Couple prennent place près de lui, choisissant la seconde option. -


Je suis le descendant direct de Merlin. - commença-t-il brusquement. - Autrefois, dans mes jeunes années, j'étais fabriquant de potions dans le magasin de mon père. Un jour, celui-ci me confia le bien le plus précieux de notre famille : une perle de nacre, aux propriétés surprenantes. Il la tenait lui-même de son père, qui la tenait de son père et tu peux remonter ainsi jusqu'aux temps du Grand Magicien. Je n'ai jamais su d'où elle venait ni qui l'avait fabriqué. Néanmoins, mon père m'informa qu'en cette pierre, renfermait l'espoir de l'humanité. Elle peut apaiser tous les maux, faire cesser toutes les famines et rendre l'espoir au coeur le plus éteint.


- Tous l'écoutaient en silence, pendus à ses lèvres ridées. Ceitho ne faisait pas exception et l'écouta discourir encore longuement. Il s'était marié tard, pour l'époque. Il avait presque trente ans et venait de rencontrer la femme la plus belle qu'il ait jamais vu. Ils eurent un fils, Herold. Il ne le connut que très peu. Alors que l'enfant entamait sa douzième année, Irma, la voyante, une femme qu'il n'avait jamais vu de sa vie, vint frapper à sa porte un soir et lui annonça que bientôt, il périrait dans d'atroces souffrances. Il lui avait d'abord ri au nez, l'avait chassé mais elle était revenue chaque jour, lui répétant sa prophétie, pendant près de trois mois, répétant la même palabre grotesque sous ses fenêtres. Un jour, elle ne vint plus. Des rumeurs commençaient à courir sur l'apparition d'un mouvement très noir, avec pour slogan la haine des sang-de-bourbes et à sa tête, un Homme - que nul ne savait si jeune -. Le groupe émergeait tout juste et ne paraissait pas encore bien menaçant. Seulement, l'instinct d'Owen, qui ne lui avait jamais défaut, lui hurlait qu'il risquait le pire. Plus précisément, que sa famille était en danger. Ne voulant tenter le diable, le Magicien décida de partir. Il embrassa son fils et sa femme une dernière fois, laissa la perle accompagnée d'une missive destinée à Herold sur la table et il sortit rejoindre Irma, qui l'attendait sur le perron. Les années passèrent et il monta la Troupe de Tinkletree - un nom d'emprunt -, mettant ses talents de Sorcier à profit. -


La Troupe s'est agrandie très vite. Irma et moi scrutions régulièrement la Gazette, à la recherche d'enfants laissés orphelins après un crime odieux. Maya, que tu vois là-bas - précisa-t-il, s'adressant visiblement à Scylla. - a vu ses parents immolés par le feu d'une baguette inconnue. Nous les avons tous recueillis et grâce à nos talents magiques, avons créé un Cirque.


- En somme, aucun n'était véritablement acrobate, dresseur de fauves ou même l'être le plus fort du monde. Seuls les clowns, à la limite, pouvaient se targuer d'un talent quasi naturel. Ils avaient choisi de se faire remarquer dans un monde moldu où aucun Partisan du Mage Noir ne se soucierait d'une bande de saltimbanque. Une prémonition d'Irma, voilà quelques jours, leur avait signifié que ce n'était pas le cas. Voldemort cherchait Owen ainsi que le bijou. Voilà pourquoi il leur avait envoyé Ceitho. -


Les propriétés de cette pierre n'ont jamais été prouvées. Pour autant, vue la ferveur du Mage Noir, je suppose qu'il ne s'encombre pas d'hypothèses. S'il s'avère que la légende est vraie, alors quelques habiles manipulations de sortilèges suffiraient à lui donner tout l'inverse du but pour laquelle elle a été créée. - ajouta le Vieil Homme. - Il y a quelques années, j'ai appris la disparition de mon fils, puis celle de mon petit-fils. Tous deux n'avaient même pas quarante ans. J'espérais que la tradition n'avait pas été rompue ..


- C'était donc ça. Son Maître n'était pas sûr que la Troupe de Cirque qui l'avait envoyé voir comptait bien le descendant de Merlin parmi ses membres. Peut-être écumait-il tout le pays, après avoir tué la progéniture, pour retrouver l'aïeul disparut dans la nature ? Quoi qu'il en soit, il recherchait le joyau.

Owen en avait fini avec sa tirade. On ne pipa mot dans l'Assemblée. Seul le Gallois reprit la parole. Or, au lieu de s'adresser au Sorcier, il regardait Scylla. -


Dis-lui de qui tu la tiens. Dis-lui tout ce qu'il a besoin de savoir. - lui intima-t-il gentiment mais fermement, sa main se refermant sur celle de la Jeune Femme en un geste tendre qu'il n'avait encore jamais eu auparavant. -

L’attitude du vieil homme commençait véritablement à lui faire peur. Après la stupeur à la vue de la bague de la jeune femme, il s’était redressé, empli de rage. Sa voix avait tonnée, forte, violente terrifiante. Jamais Scylla n’aurait imaginé qu’un vieux sorcier tel que lui se mette dans un tel état.

Il s’était tourné directement vers Ceitho au lieu de lui parler à elle, et l’accusait presque d’être un Mangemort. C’était, tout du moins, l’impression qu’il avait donnée lors de son interrogation.

La jeune femme – où la colère avait plutôt remplacée la surprise – allait répondre sur le même ton que lui, mais Ceitho la devança. Ravalant sa verve, elle foudroya probablement toute la troupe du regard sans s’en rendre compte. Ils ne lui faisaient pas confiance. Qu’ils le sachent, c’était réciproque !

« Et ne m’oblige pas à t’arracher la vérité de force ». La phrase, bien qui dite sur un ton calme et posé déclencha des frissons chez la plupart des sorciers présents ici. Tous avaient la même vision en tête. La même connaissance quant aux activités du jeune homme qui leur faisait face.

Y compris Tinkletree, évidemment.

Alors le vieil homme se rassit, essayant de se détendre un minimum avant de commencer son récit…

Lorsqu’il le termina, Scylla ne savait pas vraiment qu’en penser… Le descendant de Merlin ? Vraiment ? Par la barbe de… Merlin, justement, comment cela était-il possible ? Et cette pierre ? Ce pouvait-il sincèrement que, par le plus grand des hasards, ce soit justement celle qui ornait l’annulaire de la jeune femme ?

Elle secoua la tête. Démentiel. Impossible, elle devait rêver. Elle devait probablement vivre une des journées les plus improbable de toute son existence. Entre batailles, prémonitions… Voilà qu’elle rajoutait une légende à la liste des évènements qui lui arrivaient !

La belle se leva, s’avança – ou reculât – de deux pas. Partir, c’était l’idée qui venait de naître dans sa tête en cet instant précis. Puis Ceitho prit la parole, l’interpelant. « Dis-lui de qui tu la tiens. Dis-lui tout ce qu'il a besoin de savoir. » La belle tourna son visage vers lui, les yeux embués de larmes naissantes. Voir son visage, entendre sa voix, la réconforta légèrement. C’est à cet instant qu’elle se rendit compte qu’il était la seule personne à la connaître vraiment. La seule personne à qui elle pouvait se confier. Et cette pensée l’effraya, la faisant se sentir encore plus seule dans les noirceurs de ses pensées. Abandonnée.

- Non… Ceitho…

Elle le suppliait du regard. Tout mais pas ça. Elle n’en avait pas la force. Pas le courage. Pas l’envie. Et cela la frustrait, la mettait en rage plus qu’il ne le fallait. Sa hantise, sa honte : dévoiler ses faiblesses. La chose qu’elle ne pouvait supporter. Rien qu’à l’idée d’être debout, sans pouvoir faire quoi que ce soit lui donnait des envie de meurtre. Tuer toutes les personnes à qui elle venait de dévoiler sa plus grande faiblesse. Ne laissait aucun témoin.

C’était la pensée qui lui traversa l’esprit. Assez honteuse d’avoir une telle idée, elle la chassa bien vite. Pourtant une petite voix au fond de sa tête lui répétait qu’elle avait raison… Et qu’elle devait en être fière.

Folie ! Que lui arrivait-elle ?

Puis Ceitho lui saisit la main, effleurant la bague, centre de toutes les attentions. Ce geste la rassura et la belle parvint à faire le vide en elle.

Enfin.

Son regard bleuté croisé celui du sorcier à la jambe blessée qu’elle avait soigné lors de son arrivée. Tout comme le reste de la troupe, il s’attendait à ce qu’elle prenne la parole. Owen avait fait l’effort de leur dire la vérité. N’était-ce pas son tour ?

La belle se décida enfin. Elle s’assit de nouveau, s’éloignant légèrement de Ceitho. Néanmoins, elle garda la main du jeune homme, qu’elle serra doucement.

Et commença son récit. Elle essaya d’être la plus sincère possible mais évita au maximum les détails. Aucune précision sur la mort de son fiancé. Aucune indication sur sa vie personnelle. Juste comment elle était entrée en possession de cet objet. Jamais Scylla n’avait parlait de cette période de sa vie. Encore moins devant une assemblée de sorciers qu’elle ne connaissait à peine. A sa grande surprise, la belle était arrivée à garder un ton neutre, ses larmes avaient disparu et son visage était insondable, dépourvu de toute émotion. Une statue douée de parole.

- Je pense vous avoir dit ce que vous vouliez savoir. Maintenant que vous savez que je n’ai pas volé cette pierre ou quoique ce soit… Je peux émettre l’hypothèse que Déméter est… était…

Owen acheva la fin de sa phrase :

- Mon petit fils. Ainsi s’arrête la lignée de Merlin…

Son regard se perdit quelque instant, semblant s’évanouir dans d’étranges pensées. Puis le vieil homme reprit la parole.

- J’imagine, vu que vous n’en avez pas parlé, aucune idée des circonstances de sa mort ?

La belle fit non de la tête. Un mystère qui la hantait. Voir son corps sans vie, entouré par des flammes qui lui léchaient la peau… Sans aucune idée de ce qui l’avait conduit jusque là.

- Ce n’est qu’une hypothèse, devinée à partir des images que voies Maya… Mais Vous-savez-qui semble être à la recherche de ce que vous portez – aux yeux de tous – à votre doigt. Je suis d’ailleurs surpris qu’IL n’ait pas encore fait le rapprochement pour remonter jusqu’à vous.

S’en suivirent quelques paroles que la jeune femme n’écoutait plus. Ainsi ses jours étaient comptés. Elle n’osa pas croiser le regard du Mangemort qui se tenait à côté d’elle, lui rendant sa main. Puis elle se leva, et demanda à Tinkletree si ce dernier avait encore des questions à lui poser. Il lui répondit qu’il savait désormais tout ce qu’il voulait savoir. Le remerciant une nouvelle fois de l’hospitalité qu’il lui avait proposée, elle préféra cette fois-ci décliner son offre et dit rapidement au revoir avant de s’éclipser. Il fallait, pour transplaner, qu’elle s’éloigne suffisamment loin des sortilèges de protection du cirque. Aussi la belle s’avança dans les ténèbres, suppliant que Ceitho n’ait pas l’idée de la suivre.

Partir, qu’importe qu’elle fasse de mauvaises rencontres. Elle ne pouvait pas rester sans rien faire.

- Le Gallois, avare de sentiments, éprouvait une réelle difficulté à comprendre l'état dans lequel Scylla se mettait alors qu'elle discourait sur son passé douloureux. Chacun l'écouta avec attention, Owen hochant la tête pensivement et n'intervenant qu'au terme de la tirade de la Belle. Ceitho, lui, se contenta de conserver une mine impassible, craignant que son manque d'empathie ne contrarie l'assemblée.

Il dû engranger plus d'informations ces dernières minutes écoulées que toute la semaine passée. Il garda obstinément la main de la Douce serrée dans la sienne, jusqu'à ce que celle-ci ne la retire, ébranlée et défaite. Une fois que la Guérisseuse se fût tue, les membres de la Troupe y allèrent chacun de leur petit commentaire. Puis, elle s'éloigna. Le Jeune Homme décida de la laisser seule un instant, le temps qu'elle se remette. Mais Owen ne l'entendait pas de cette oreille. -


Ne la laisse pas s'en aller, Ceitho. - l'apostropha-t-il, sa voix triste se muant en un ton plus cassant. - Elle ne doit pas disparaître avec la bague.


- Grant releva la tête, surpris et dérangé dans ses pensées. Il tentait jusque-là de faire le tri entre les paroles et les pensées de Scylla et ce n'était pas une mince affaire. Toute sa tristesse, sa colère, son remord, ses regrets arpentaient ses veines en direction d'un organe fort peu utilisé. Son coeur. Un peu perdu, il allait la rejoindre, comprenant bien qu'elle n'avait pas l'intention de faire des vieux os ici, lorsqu'Irma - la voyante donc, hein, on est d'accord - posa une main sur son épaule et lui fit signe qu'elle s'en chargeait. Il resta donc là, ne sachant que faire de lui, alors que le Cirque le fixait d'un air entre le désarroi et la colère.

La Voyante approcha à petit pas légers dans le dos de la Blonde et s'adressa à elle d'un ton enjoué. -


Allons, allons, ma toute belle. Où comptes-tu aller comme ça ?


- La Dame prit place à ses côtés, les mains croisées sur le ventre, son joli visage ridé vide de toute expression alors qu'elle scrutait le ciel étoilé. Nul n'aurait pu croire que deux pas de plus auraient suffi pour que la Guérisseuse se retrouve hors de la barrière de protection et que peut-être, dans les quelques secondes qui suivraient, elle serait attaquée par Voldemort en personne. -


J'ai été mariée à une époque, tu sais. - reprit la Voyante. - Oh ! Pas très longtemps ! Mon époux a été assassiné à peine un an après notre union. Je pensais ne pas m'en remettre et puis ... Il est arrivé.


- Elle lança une oeillade furtive en direction de Tinkletree. Alors, ces deux-là fricotaient ... Intéressant. Ou dégoutant. Néanmoins, ils se connaissaient depuis plusieurs décennies. Et semblaient toujours filer le parfait amour. Un léger sourire béat traversa un bref instant les lèvres fripées d'Irma. -


Je n'ai jamais oublié Morty - mon premier époux -. Il m'a fallu vingt ans pour retirer mon alliance et Owen a su se montrer patient. - elle pivota légèrement afin de regarder la Jeune Femme. - Ceitho est une âme perturbée, je ne t'apprends rien. Cependant ... Je dois avouer que sa rencontre avec toi l'a beaucoup changé. Il n'a plus grand chose à voir avec le gosse tordu qui faisait tourner la tête des petites acrobates.


- Où voulait-elle en venir ? Faire l'apologie de Grant pour mieux amadouer Scylla ? Ou y avait-il autre chose de moins vicieux. Elle ne tarda pas à exprimer le fond de sa pensée. -


Cet anneau n'est qu'un objet, ma toute belle. Ca aussi tu le sais. Demeter sera toujours en toi, il ne te quittera jamais. T'es-tu demandé ce qu'il penserait s'il savait que tu mettais ta vie en péril pour une pierre ? Non seulement tu risques ton existence, mais en plus, tu refuses de t'ouvrir à quelque chose qui, à défaut d'être similaire, pourrait être tout aussi merveilleux.


- Sur ses mots, sans attendre de réponse, la Voyante se détourna pour rejoindre le feu de camp. Et là, debout, bras croisés, planté là depuis un certain temps, Ceitho les regardait. -

La belle s’était rapidement éclipsée, et n’était déjà plus visible aux yeux de la troupe, concentrée autour du feu. Elle, elle était entourée par les ténèbres, avançant jusqu’à la fin des sortilèges de protection. C’est du moins ce qu’elle avait en tête avant d’être rattrapée par Irma, la voyante (on est d’accord ! ).

La vieille femme lui demanda où elle comptait aller. L’ignorant totalement, la blondine continua d’avancer jusqu’à ce qu’elle reprenne la parole.

- J'ai été mariée à une époque, tu sais. Oh ! Pas très longtemps ! Mon époux a été assassiné à peine un an après notre union. Je pensais ne pas m'en remettre et puis ... Il est arrivé.

Cette fois, Scylla s’arrêta de marcher et se tourna vers son interlocutrice. Elle n’allait pas mâcher ses mots, elle n’en avait plus la force. Dans de telles circonstances, il ne reste qu’à dire exactement ce que l’on pense, de la manière dont on le pense.

- Je ne veux pas savoir votre histoire. Vous savez quoi ? Je n’en ai rien à faire !

Son regard la foudroya. Toute personne avisée aurait fait marche arrière. Il faut savoir que Scylla était généralement une personne que l’on mettait difficilement en colère. Mais lorsque la rage s’emparait d’elle, la blondine devenait incontrôlable. Impulsive. Folle. Et violente.

Bien téméraire était la voyante, alors qu’elle continuait ses palabres…

Scylla essayait de respirer, de se contrôler. Mais rien à faire, le sang qui coulait dans ses veines, chauffait à chaque mot prononcé par la femme face à elle.

- …tu refuses de t'ouvrir à quelque chose qui, à défaut d'être similaire, pourrait être tout aussi merveilleux.

Ce furent les dernières paroles prononcées par Irma pour finir sa tirade. Dans tous les cas, elle n’aurait pas pu dire un mot de plus…

Ses paroles n’avaient été que poison. Et la voyante n’avait pas tenu compte de l’avertissement de Scylla au tout début. Cette dernière ne se contrôlait plus : Après avoir serré ses poings jusqu’à enfoncer ses ongles au plus profond de sa chair, son bras avait surgit tout seul et la poigne de la blondine s’était refermée autour du cou de la voyante.

- Vous n’avez aucun droit de me dire cela. Vous ne me connaissez absolument pas, alors arrêtez de me juger et de me dire ce que je dois faire ! Vous êtes une voyante… Ou une charlatante… Vous avez tellement l’habitude que les autres écoutent ce que vous dites que vous même, vous ne faites plus attention aux paroles des autres. Je vous interdis de me comparer à vous, je vous interdis de prononcer son prénom !

Cela faisait bien longtemps que le regard de la si douce Scylla ne s’était pas autant assombri, foudroyant le visage violacé de la sorcière. A chacune de ses paroles ses doigts s’étaient resserrés un peu plus autour de son cou, l’empêchant progressivement de respirer. Dans son esprit la jeune Belight se voyait asséner le coup de grâce, en serrant une dernière fois. Cette voyante l’avait mérité. Lorsque les gens ont vécu quelque chose, ils croient toujours que les autres sont dans la même situation qu’eux. C’était insupportable. Personne ne la comprendrait jamais. Personne ne saurait les détails les plus insupportables qu’elle avait dû subir ce jour là. Car l’histoire est bien loin d’avoir été racontée en entier…

Ses décisions ne tenaient qu’à elle, et qu’une étrangère – même armée de bonnes intensions – vienne lui faire la moral lui était insupportable.

Néanmoins, résistant à la tentation d’assassiner froidement une vieille femme, elle relâcha la pression de ses doigts et recula d’un pas.

- Vous verrez…

Ces paroles étaient bien des paroles de voyante. Elle les prononça doucement alors qu’elle retournait sur ses pas, se massant douloureusement la gorge.

Encore loin d’avoir soulagé sa douleur, Scylla donna une droite en plein sur un poteau qui se trouvait à côté d’elle. Loin de la soulager, cela fit surtout très mal à ses phalanges. Elle s’adossa contre ce bout de bois et se laissa glisser jusqu’au sol.

Dire que quelques heures auparavant, la belle revenait d’une mission accomplie, le cœur léger. Il ne fallait rencontrer qu’une personne pour que tout un équilibre soit brisé.

En parlant de cette personne, Ceitho venait juste d’arriver à ses côtés. Peut-être avait-il vu la scène brutale qui s’était passée, peut-être pas. La blondine n’en avait plus rien à faire.

Sans croiser son regard, elle enleva sa bague, la bague qui avait fait tant polémique lors de cette soirée, et lui tendit.

Une demande en mariage ?

Non, dans son cas la belle aurait sans nul doute préféré mourir en allant directement voir le Seigneur des Ténèbres…

- Tiens. Prends là, vu que c’est ce que tout le monde recherche. Et puis ton maître sera fier de toi…

Que pouvait-elle bien faire d’autre ? Une épée de Damoclès se trouvait au dessus de sa tête. Cela faisait donc des années que sa mort était prévue. Et il faut croire que celle-ci se rapprochait dangeureusement.
De plus, si Celui Dont On Ne Doit Pas Prononcer Le Nom désirait tant cette bague, qu’il la prenne. Il serait très mignon avec un tel bijou…

En outre, il fallait bien que Scylla… Que l’Ordre du Phoenix se rende à l’évidence… La situation était plus que désespérée.

- Ceitho assista à la scène, droit comme i, sans bouger. Malgré lui, il faillit avoir un mouvement de recul lorsque la si douce Belight se jeta à la gorge de la Voyante. Peut-être aurait-il dû l'arrêter. La rage qu'il lisait dans ses yeux était sans nom et peut-être, sans limite. Irait-elle jusqu'au bout ? Ne l'espérait-il pas, au fond ? Elle vociférait presque et le Gallois n'avait qu'une crainte, que la Troupe ne l'entende et ne parte à l'assaut pour libérer leur vieille amie. Et cela ne loupa pas. Alerté par la voix furieuse de la Guérisseuse, Owen, le dresseur de lions et l'homme le plus fort du monde (dont les muscles dégonflaient à vue d'oeil) se précipitèrent dans leur direction.

Les deux hommes allaient se jeter sur la Blonde pour la faire lâcher prise, quand Tinkletree, d'un geste de la main, leur somma de n'en rien faire, les stoppant net dans leur élan. -


Cette femme souffre. - dit-il simplement. -


- Les quatre hommes observaient la scène, tous d'une manière différente. Owen abordait une mine à la fois peinée et coupable, se convainquant qu'en tant qu'ancien futur grand-père par alliance, il se devait de laisser la Jeune Femme donner libre-cours à sa colère. Le dresseur et le titan bouillonnaient, craignant pour la vie de leur bien-aimée Irma. Et Ceitho ... Il n'avait d'yeux que pour Scylla. Il ne l'avait jamais vu dans un tel état et pour tout dire, il trouvait cela très ... Excitant. Une émotion qu'il n'aurait pas dû ressentir face à une si grave situation. Seulement, elle était là. Et un homme qui change, au fond, reste celui qu'il a toujours été.

Finalement, alors que le visage d'Irma virait au bleu, la Guérisseuse la lâcha in extremis. Toute sa colère et sa souffrance bouillonnaient encore en elle, bien visibles de par ses mains qui tremblaient et son visage déformé par une moue douloureuse. Ceitho s'avança enfin, récupérant l'anneau qu'elle lui tendait. Il tiqua lorsqu'elle lui parla de son " maître ". Mais n'émit pas un son. Il se détourna vers Owen, lui tendant le joyau. -


Je le confierai à Dumbledore dès que nous nous rencontrerons. A ce moment, vous serez en sécurité. - expliqua le Vieil Homme dont les traits trahissaient à présent sa grande fatigue physique et morale. - Vous ne pouvez pas quitter le camp avant demain matin.


- Sur ses mots, il cria à toute la Troupe qu'il était temps d'aller se coucher, qu'un long périple les attendait le lendemain pour aller retrouver l'Ordre du Phénix. Ainsi, le Cirque se dispersa dans les roulottes, Maya, l'acrobate, rejoignant celle de la funambule pour la nuit, laissant la sienne aux Mariés. Alors que Tinkletree se détournait, Ceitho l'interpella. -


Owen ... - il hésita un instant. - Célène sera certainement présente demain. Tu peux lui dire que tu m'as vu mais ... Oublie Scylla. Elle est avec eux.


- Comprenant la requête lourde de sens de son Jeune Ami, le Magicien hocha la tête, lui signifiant ainsi que la Guérisseuse ne serait pas mentionnée dans leur petite aventure. Il trouverait une histoire tout à fait plausible pour expliquer la réapparition de la pierre. -


C'est dur à dire, même pour moi, mon grand. Et peut-être même plus difficile à entendre pour vous deux. Néanmoins, je pense que vous n'êtes plus en sécurité l'un sans l'autre.


- Irma, qui avait rejoint son compagnon, se lova sous son bras, la main toujours sur sa gorge douloureuse. Pour autant, elle ne semblait pas en vouloir à la Blonde, lui jetant un regard empli de compassion. Le couple s'éloigna alors, disparaissant dans leur roulotte.

Le Jeune Homme en revint à Scylla. Il s'approcha à nouveau d'elle et, sans délicatesse aucune, l'attrapa par les poignets, la forçant à se remettre debout. Il resta là un moment à l'observer, une expression indéchiffrable sur le visage. Allait-il la frapper ? Lui hurler dessus ?

Contre toute attente, il l'attira à lui, l'enserrant de ses bras avec une force indiscutable. Pour autant, ce geste était tout ce qu'il y a de plus tendre. Et il n'avait pas l'intention de la lâcher facilement, quelle que soit l'envie qu'elle ait de se débattre. -

- Il la serrait. Encore et encore. Comme s'il voulait la faire rentrer en lui, pour la protéger. Ou l'étouffer. Il ne s'attendait pas à de grandes embrassades. D'ailleurs, à quoi s'attendait-il en esquissant ce geste ? Les mots qu'elle cracha plus qu'elle ne prononça pénétrèrent sa chair tel un coup de poignard. Jamais il ne l'avait vu dans un tel état. Tout l'être de la Blonde respirait la trahison qu'il venait de lui infliger. Elle échappa à son étreinte forcée et le Garçon se recula de deux pas. Le visage impassible. Il l'écouta palabrer, les paroles raisonnant dans ses oreilles de la même manière que des hurlements.

Et puis, quelque chose s'insinua en lui. Un sentiment lointain qui le ramenait à son enfance, lorsque sa mère le traitait de tous les noms, lui affirmant qu'il n'était rien, juste un jouet pour passer ses nerfs. Juste une erreur grossière qui ne remplirait jamais ses attentes. Un cafard, une blatte, qu'elle aurait écrasé depuis bien longtemps si elle n'avait pas peur de finir à la rue. Les muscles de Ceitho se contractèrent tandis qu'il restait outrageusement silencieux et que la Guérisseuse s'éloignait pour traverser la barrière magique. Il la rejoint. L'empoigna par l'avant-bras pour la faire pivoter vers lui. Et lui asséna une claque magistrale dont le bruit se perdit dans la nuit.

Il n'avait jamais frappé une femme, en-dehors de celles qui avaient eu le malheur de passer dans sa cave. Et encore, cela ne restait que quelques empoignades par les cheveux ou bleus sur les bras. La gifle était le coup ultime. Car il était en colère. Plus précisément, hors de lui. Il raffermit sa prise sur le membre de Scylla, saisissant l'autre avec la même vigueur. Une fois encore, elle se retrouva collée à lui, leurs deux faciès si proches qu'elle pouvait voir la veine qui battait sur sa tempe et dans son cou. Cette fois, elle était allée trop loin. -


Petite gamine stupide et capricieuse ... - siffla-t-il d'une voix grave et mauvaise. - Le Ceitho Grant qui t'attachait dans le cachot te manque ? La souffrance qu'il te faisait ressentir te semble trop loin ? Regarde ce que je t'ai épargné !


- Il délaissa l'un des bras de la Demoiselle pour attraper l'arrière de sa tête et plaquer leurs fronts l'un contre l'autre. Un éclair blanc traversa l'esprit de Scylla, puis des images. Incohérentes. Des hurlements. Des cris de douleur et d'agonie. Des jets de lumière verte. Des " doloris " prononcés de la voix tout à fait reconnaissable de Ceitho. Une femme qui suppliait le Gallois de ne pas la tuer. Son mari était mort, ses enfants n'avaient plus qu'elle. Un ricanement de mépris. Enfin, d'autres voix de femmes, toutes à des moments différents, le remerciant pour la nuit, espérant le revoir. La vision de ces mêmes femmes, quelques mois plus tard, hurlant et pleurant d'avoir été ainsi trahie. Michelle, la jeune acrobate, quittant la Troupe suite aux frasques du Garçon, amaigrie, les joues baignées de larmes. -


Tu as vu tout ce que tu voulais voir, mon ange ? - reprit-il une fois le transfert terminé. - Tu es là à pleurer un homme mort depuis des années, refusant toute compassion en prétextant que tu es trop bien pour cela. Te renfermant sur toi-même. Me haïssant pour la disparition d'un objet qui, au final, ne t'a jamais appartenu.


- Il n'avait pas haussé le ton. Il n'en avait pas besoin. Subitement, il la lâcha, la repoussant violemment de manière à ce qu'elle tombe sur le sol. Il la jaugea de toute sa hauteur, le menton haut, les bras le long du corps. Dans cet état de nerfs, il ressemblait plus que jamais à sa cousine. Impitoyable. Implacable. -


Je ne te laisserai pas mettre ces gens en danger. Sais-tu ce que cela à coûté à Owen de te laisser pratiquement étranglé sa femme, seulement pour que tu puisses te sentir mieux ? Dis comme ça, cela paraît ridicule. Mais c'est ça l'amour, trésor. Et jusque-là, j'étais persuadé que malgré tous nos différents, le mien était partagé.


- Il venait de le dire. Peut-être pas les trois mots auxquels elle aurait pu s'attendre. Mais il l'avait dit. Il l'aimait. Elle s'en moquait très probablement en cet instant. Néanmoins, c'était fait.

Pour autant, il n'en avait pas fini avec elle. -


Je ne fais pas que rendre service à l'Ordre. Je t'ai dit que j'y trouvais mon compte moi aussi. J'ai fait rechercher quelques informations sur ton fiancé. - l'informa-t-il, un sourire mauvais ourlant ses lippes. - En interrogeant intelligemment Célène et mes comparses Mangemorts, j'ai appris que ton cher Demeter était en réalité un agent double. Et il était Partisan du Lord avant tout. C'est sous la baguette d'un de tes amis qu'il s'est vu ôter la vie. Par sa faute, une famille réfugiée dans un hameau du Sussex a été assassinée. Ne t'es-tu donc jamais demandée pourquoi le Vieil Homme gardait autant l'oeil sur toi ?


- C'était petit. Mesquin. Et terriblement cruel. Faut-il préciser qu'elle l'avait bien cherché ? Non. Cependant, cette information n'aurait jamais traverser sa bouche dans le cas contraire. Au cas où elle ne le croirait pas, il lui lança un parchemin roulé. C'était une missive de Dumbledore destinée à Kingsley Shackelbolt. Et le contenu en était plus que clair.

Il se détourna alors, sans un regard de plus pour elle. Avant de s'éloigner, il prononça quelques derniers mots. -


Je ne suis pas la bonté incarnée et pourtant, moi, je ne t'ai jamais caché quoi que ce soit. Crois-tu encore que son souvenir mérite d'être sacralisé ? - il fit un pas, avant de s'arrêter. - Au fait, Scylla ... Si tu tentes de traverser le champ de protection : je te tuerai avant que le le Lord n'ait eu le temps de lever le petit doigt.


- Sur ces mots on ne peut plus sérieux, il disparut et alla rejoindre la roulotte prêtée par Maya. -

[Il te tardait trop de répondre xD]

- Arrivé dans la roulotte, il versa un peu d'eau de la cruche disposée sur une petite commode dans la vasque. Puis, il s'aspergea abondamment le visage. L'eau froide ruisselant sur sa peau lui donna la chair de poule et, d'une autre manière, lui fit du bien. Il retira son tee-shirt pour observer la boursouflure de son dos dans un miroir. Scylla avait fait un très bon travail mais quoi qu'il arrive, il en garderait toujours une cicatrice. Qu'il le veuille ou non, cette nuit resterait à jamais gravé en lui.

La Guérisseuse avait répondu à sa gifle, néanmoins, il était dans un tel état de colère qu'il n'avait rien senti sur le coup. A présent, sa joue rouge lui rappelait les gestes terribles qu'il avait eu envers elle. Ainsi que ses mains, qu'il observa longuement. Actrices des coups qu'il lui avait porté. Mais ce qui le dérangeait le plus, c'est qu'il n'avait pas le moindre remord. Sa hargne ne l'avait pas quitté.

Il fut tirer de ses contemplations morbides par le bruit de la porte s'ouvrant. Une demie seconde plus tard, Scylla était là. Il s'attendait presque à ce qu'elle lui saute à la gorge, anéantie par les dernières informations qu'il lui avait révélé. Pourtant, elle n'en fit rien. A vrai dire, il avait été étonné de son manque de réaction. Y aurait-il eu quelque chose qui lui avait échappé ? Il allait bientôt le savoir. Il se laissa choir sur le lit, le sommier grinçant sous son poids. Les coudes sur les genoux, mains croisées, il l'écouta avec attention, sans un mot. Ses cheveux blonds, désormais trop longs, lui tombaient devant les yeux alors qu'il la fixait, ses yeux verts brillant d'une flamme indéfinissable. En une nuit, il semblait avoir pris dix ans. Bien que depuis longtemps, son âge n'ait été qu'un leurre, un chiffre d'état civil.

Il aurait dû s'en douter. Quelle femme aurait pu tant s'éprendre de lui, malgré ce qu'il était, ce qu'il faisait, si, au final ... Elle n'avait pas été comme lui ? Le discours de la Phénix le surprit tout de même. Il n'avait rien vu. Il l'avait considéré comme faible. Alors qu'il n'en était rien. Même Bellatrix, fantasme parmi ses fantasmes, n'était rien à côté de Belight. A la seule différence que Scylla n'acceptait pas ce qu'elle était. Contrairement à lui, elle avait encore une morale.

Il attendit qu'elle termine, presque à bout de souffle devant tant de révélations douloureuses, puis, il se leva. Ils se retrouvèrent l'un en face de l'autre, si proches à cause de l'étroitesse des lieux. Que devait-il lui dire ? La rassurer ? La blâmer ? Lui assurer que cela n'avait été qu'un instant de folie ? Il aurait menti. Il savait aussi bien l'un que l'autre que c'était là sa vraie nature.

Un long moment, il resta ainsi sans bouger. Enfin, il esquissa un geste. Ses mains se levèrent, non pas pour la frapper à nouveau, mais pour se placer de chaque côté de son cou, attirant leurs front l'un contre l'autre. -


Pour moi, tu es en vie et bien réelle, trésor. Ta fureur de ce soir montre que tu es encore capable de ressentir. N'est-ce pas ça le plus important ? Il ne t'a pas tout pris.


- Lui murmura-t-il avant que leurs lèvres ne se joignent en un baiser brûlant et passionné. La douceur de ses lippes, de sa peau qu'il sentait entre ses doigts alors qu'il lui caressait la nuque et le dos, lui avait manqué plus qu'il ne l'aurait cru. Cela semblait si naturel, si évident, qu'il aurait pu continuer ainsi pendant des heures.

Et peut-être en aurait-il été ainsi si une démangeaison sur son avant-bras ne l'avait pas obligé à se séparer d'elle, à contre-coeur. La Marque des Ténèbres serpentait entre ses veines, furieuse et menaçante. Il lui jeta un regard, avant de planter un regard terrifié dans celui de la Jeune Femme. -


Ils nous ont trouvé. Ils arrivent.


- Un bruit strident de sortilège indiquant clairement que quelqu'un tentait de percer la barrière signifia qu'il avait vu juste. -

Ne rien dire. Il n’y avait rien à dire, et se taire était probablement la réponse la plus parfaite qu’il pouvait faire. Scylla ne lui demandait rien, ne voulait rien entendre. Elle lui avait juste expliqué, à lui, la première personne, ce qui était réellement arrivé cette nuit là.

En effet, la belle ne voulait pas qu’il dise quoique ce soit. Qu’il ne la juge pas. En mal, ou en bien… Selon le point de vue.

Son récit avait fini par estomper doucement leur rancœur bien que leur montée d’adrénaline soit toujours autant encrée dans leurs vaisseaux. Et peut-être que la meilleure manière d’évacuer ce surplus d’excitation était justement de se coller l’un contre l’autre.

Leurs lippes se lièrent l’une à l’autre et les mains, curieuses, commencèrent doucement à parcourir leur corps. Enfin. Scylla avait l’impression d’être restée en vie juste pour connaître cet instant. Instant, qui après tous ces évènements, se promettait passionné, fougueux. Et alors que leurs silhouettes se rapprochaient dangereusement du lit, le jeune Mangemort se sépara vivement d’elle, les yeux rivés sur la marque menaçante qu’il portait au bras.

La marque des ténèbres.

Scylla avait deviné avant que les mots du jeune homme ne sortent d’entre ses lèvres. « Ils nous ont trouvé. Ils arrivent. » Et les sortilèges commencèrent alors à se faire entendre.

Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Le seigneur des ténèbres n’avait-il pas envoyé Ceitho à la rencontre du cirque ? Alors pourquoi n’avait-il pas attendu le rapport de ce dernier avant de lancer l’attaque ? Cela signifiait-il qu’il y avait eu un autre Mangemort à leur insu ? Qui aurait donc facilement vue Scylla…

Pourquoi avait-elle donné cette bague à Owen ? La belle ne savait pas pourquoi Celui Dont On Ne Doit Pas Prononcer Le Nom la désirait tant, mais une chose était sure : il ne fallait pas qu’il l’ait.

Etait-il déjà trop tard ?

- S’ils attaquent… Pourquoi tu n’es pas avec eux ?

Et oui… Parmi toutes les questions qui se bousculaient dans l’esprit de Scylla ce fut celle-ci qui sortit de sa bouche. Peut-être parce qu’elle avait peur pour Ceitho. Qu’il soit en danger à cause d’elle…

- Il ne faut pas qu’ils nous trouvent ensemble ! Et il ne faut pas qu’il ait la bague…

Mais cette dernière phrase était dénuée de sens. Elle s’adressait à un Mangemort. Il était évident que le parti qu’il allait prendre n’était pas le même que le sien.

Finalement la journée était encore plus longue que prévue. Et Scylla était certaine d’une chose : lorsque ce jour se sera terminé, et si elle en réchappait, les Mangemorts – ou même le Lord en personne – auraient vu son visage : elle prendrait ainsi très rapidement place sur la liste des personnes recherchées par les ténèbres…

- Comme il s'y attendait, Scylla était aussi perturbée que lui. Dérangés dans les préludes de leurs ébats, ils étaient encore hébétés par les derniers événements et le Garçon accueillit l'intrusion de ses Comparses avec presque mauvaise humeur.

Néanmoins, l'heure n'était pas à l'agacement mais à l'action. Et il devina sans peine les pensées de Scylla, ponctuées par sa question, alors qu'il renfilait rapidement son tee-shirt et soulevait légèrement le rideau pour observer ce qui se tramait à l'extérieur. -


Parce qu'ils doivent penser que je suis rentré chez moi avec un membre du Cirque pour lui arracher des aveux. Mais si je ne les ai pas rejoint dans dix minutes, alors la mort sera le plus doux des supplices que je puisse espérer.


- Au-dehors, la bataille faisait rage. Alertés eux aussi, les acteur de la Troupe avaient quitté leur caravane pour affronter les Mangemorts qui venaient tout juste de percer la barrière de protection. -


Trouvez le Vieux ! Et tuez les autres ! Ils ne nous seront d'aucune utilité ! - beugla une voix mortifère à une centaine de mètres d'eux, tandis que des étincelles de toutes les couleurs fusaient en tous sens. -


- Ceitho souffla la chandelle et revint vers la Guérisseuse, lui prenant les mains. Même dans la pénombre, ses yeux étaient visibles grâce aux faisceaux des sortilèges. Ceux-ci brillaient. De peur ? Non. Le Jeune Homme venait tout simplement d'avoir une idée. -


Scylla ... On ne pourra pas s'échapper d'ici sans être vus. Et s'ils te trouvent, ils te massacreront toi aussi. Ils ne savent pas qui tu es mais cela n'a pas d'importance pour eux. - dit-il, sa voix montrant plus d'assurance qu'il n'en ressentait en réalité. - Il n'y a qu'un seul moyen pour nous sauver. Je te demande de me faire confiance. Je sais que c'est beaucoup te demander mais je t'en supplie, pour cette fois, fais ce que je te dis.


- Il savait que le Cirque était perdu. Seulement, Scylla, elle, pouvait encore être sauvée. Et pour cela, il n'y avait qu'un seul moyen. Du bout de sa baguette, il fit apparaître une fine corde qui s'enroula autour de leurs deux poignets. -


Répète après moi. Je suis lié à toi. Tu es liée à moi. A jamais. - récita-t-il doucement, le lien se resserrant davantage. -


- Il réitéra ses mots, attendant que Scylla fasse de même. Merlin ! Il était en train de les marier ! Chose certainement plus que précipitée pour quiconque ignorant que de cette manière, elle porterait non seulement son nom mais deviendrait alors aussi complice de ses activités. Ce qui allait s'avérer très utile.

Il lut l'hésitation dans les yeux de sa Belle. Il la supplia presque du regard, lui signifiant qu'il pouvait pas faire autrement. Qu'ils devaient le faire. Enfin, la Demoiselle s'exécuta et la corde étreint leurs poignets pour ensuite disparaître. Ils étaient unis. Et pour l'instant, pour le pire.

Il garda la main de la Blonde dans la sienne, l'entrainant vers la sortie de la roulotte. -


Ne tente d'aider personne. Ou nous sommes morts. Tous les deux. - l'informa-t-il, sa main libre sur le loquet. - Suis-moi et surtout, ne dis rien. Plutôt : ne pense à rien.


- Il se montrait fort directif et n'en déplaise à Scylla, ce n'était pas par choix. Il ouvrit la porte et s'engagea à l'extérieur. Un spectacle de guerre et de désolation les y attendait. De nombreux membres de la Troupe, surpris au saut du lit, n'avaient même pas eu le temps de dégainer leurs baguettes qu'ils gisaient là, au sol. Sans vie. Ceitho raffermit sa prise sur les doigts de Scylla tandis qu'ils s'avançaient. Vers un cercle de Partisans du Lord. Ils étaient environ une vingtaine réunis autour de Tinkletree et de sa femme Irma, tous deux poings liés dans le dos. -


Te voilà enfin, Grant ! - l'interpella un des hommes masqués. Il remarqua la présence de la femme à ses côtés. - Qui est-ce ? Et que faites-vous ici, tous les deux ?


- Le Gallois emprunta un sourire sarcastique, libérant enfin la main de la Guérisseuse. Il rejoint ses Camarades, son regard glacial se posant sur Owen. -


C'est ma femme, Scylla. - répondit-il, éludant tout d'abord la seconde question. -

Crabbe, va vérifier ce qu'il dit. - grogna l'homme masqué. -


- Ledit Crabbe s'avança vers Scylla et lui saisit le poignet avec rudesse. De sa baguette, il lança un sort pour éprouver ses affirmations. Après quelques secondes, il releva la tête, qu'il hocha, signifiant qu'il avait dit vrai. -


Et tu comptais nous le dire quand, que tu étais marié ?

Quand l'un de vous m'aurait posé la question.

Tsss ... Elle doit être complètement folle pour s'unir à un taré dans ton genre. - persiffla la voix caverneuse. - Bon et maintenant, tu vas nous expliquer ce que tu fabriques avec eux, au lieu d'être allé voir le Lord après l'intervention à l'Auberge !


- Ceitho haussa les épaules et lui adressa un regard dédaigneux voulant dire : " Tu es vraiment stupide ou tu le fais exprès ? ". -


A ton avis, Dolohov ? Scylla et moi les avons suivi en leur faisant croire que nous étions de leur côté, afin d'en apprendre un peu plus sur ce pourquoi notre Maître le cherchait. - l'informa-t-il durement, croisant ses bras sur sa poitrine. - Malheureusement, ils se sont montrés peu loquaces. J'attendais demain pour voir si nous pouvions en tirer davantage.


- Dolohov échappa un grognement perplexe sous son masque. Il resta un moment silencieux, avant de s'avancer vers la Jeune Femme. -


Dorin, viens ici ! - interpella-t-il un de ses Collègues. - Regarde dans l'esprit de la blonde si notre ami nous dit la vérité.


- Le Mangemort s'approcha alors. Il était également legilimens, tout comme Ceitho, bien qu'il lui arrive à peine à la cheville. C'était cependant suffisant pour sonder un esprit. Le Gallois et Owen jetèrent un regard dans la direction de Scylla. Il espérait que ses leçons avec Célène avaient porté leurs fruits. Mieux, il souhaitait qu'elle ait compris qu'elle ne devrait montrer que quelques scènes, les moins préjudiciables pour eux tous. -